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festival-cannes.com

 

The Murderer (The yellow sea - Hwanghae)

Certain Regard
/ sortie le 20.07.2011


THE KILLER INSIDE ME





"Va en Corée, pour tuer quelqu’un pour moi."

Na Hong-jin avait fait sensation en 2008 avec The chaser, présenté en séance spéciale à Cannes. Pour son deuxième long métrage, il met la barre un cran plus haut avec un polar survitaminé qui, cette fois, tient ses promesses sur toute la distance, soit 140 minutes d’action échevelée et de violence brute. On est dans un cinéma radical et nihiliste, seulement contrebalancé par l’humour (noir) du scénario.

Servi par un montage ultra découpé (on parle de 5000 plans), The murderer fait l’effet d’une œuvre frénétique et en roue libre qui pousse à son paroxysme tous les codes du genre (notamment la violence, la notion de fatalité et la noirceur pessimiste). Na Hong-jin ose tout dans une sorte de délire jusqu’au-boutiste qui lui fait inventer des courses-poursuite entre un homme à pied et des hordes de policiers en voitures, des séquences de massacre à la hache digne d’un bon vieux slaughter et un héros monolithique et sacrificiel quasi indestructible. C’est à la fois sanglant et si finement écrit que l’on est sans arrêt surpris à la fois par le fil que suit l’intrigue et par l’audace visuelle et scénaristique du film.

Mais surtout, c’est incroyablement drôle. Comme si Na Hong-jin s’était appuyé sur le canevas d’une tragédie grecque pour raconter une grosse blague potache. Tout semble alors baigné d’auto-dérision et de second degré : les gangs qui s’entretuent, le chef élégant et raffiné dominé par son alter ego mal dégrossi et crasseux, la croisade presque christique qu’entreprend le personnage principal… Plus c’est outré et plus c’est jubilatoire. Même le prétexte initial du film (un homme seul contre tous pour sauver sa famille) se transforme en une mini-guerre des gangs aux ramifications complexes, dont personne ne sortira vraiment vainqueur, et surtout pas grandi.

On jubile devant tant d’inventivité et surtout devant cette absence totale de complexe face à l’outil cinématographique qui est souvent la marque de fabrique des polars sud-coréens contemporains. Comme si les réalisateurs de cette "nouvelle génération" (Na Hong-jin mais aussi Bong Joon-ho, Kim Jee-Won et dans une certaine mesure le Park Chan-wook des débuts) parvenaient à faire abstraction de l’existant pour imposer leurs propres règles — ou tout au moins renouveler les anciennes en leur donnant le lustre de l’innovation. Ce qui, en terme de plaisir purement cinéphile, est le plus beau cadeau que l’on puisse faire au spectateur.

MpM



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