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Rencontre avec Natalia Almada

 

El velador (The Night Watchman - Le Veilleur de nuit)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Mexique


A HISTORY OF VIOLENCE





En France comme au Mexique, on est habitu aux images de violence plus ou moins stylisées déversées par les postes de télévision et les écrans de cinéma. Les guerres entre trafiquants de drogue nous évoquent des fusillades et des règlements de compte. A trop voir ces images (déformées, graphiques,  la limite de l’esthétisme), on ne s’interroge plus sur elles. D’autant moins que pour la plupart de nous, elles ne correspondent  aucune espère de réalit proche.

Paradoxalement, ce qui surprend donc le plus dans le documentaire de Natalia Almada, c’est qu’il ne nous donne jamais ce que l’on attend. En lieu et place des coups de feu, des témoignages angoissés et des poursuites de voiture, El velador suit Martin, veilleur de nuit fatigu, qui arpente le cimetière de Culiacan o sont enterrés de nombreux narcotrafiquants de la région.FIFA Coins Sur ses pas, on découvre les mausolées et les temples consacrés  ces hommes souvent morts très jeunes. La vie quotidienne dans un climat de mort, avec en toile de fonds une violence implicite et sourde qui, si elle n’apparaît jamais, ne quitte pourtant pas les esprits.

Le travail de la réalisatrice, pour dépouill et aride qu’il soit, s’avère rapidement édifiant. Dans un quasi mutisme (pas de voix-off et peu de dialogues), le film recrée toute l’absurdit d’une situation (ces jeunes gens riches gardés par ce vieil homme pauvre) et projette dans ce cimetière cossu tous les enjeux d’une sociét rongée par la misère et les inégalités. Plus le quotidien se répète, plus il semble décal, presque surréaliste. Ainsi ces séquences qui reviennent sans cesse, o le veilleur de nuit arrose consciencieusement le sol, comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort.

Sans aucun doute, la démarche de Natalia Almada est radicale, d’autant qu’elle évite  la fois tout sensationnalisme et tout didactisme. Si l’on n’y prend pas garde, on peut même complètement passer  côt de ce témoignage pourtant brûlant auquel l’unit de lieu et le minimalisme des effets confèrent une force dramatique décuplée. Mais si l’on dépasse l’aspect en apparence peu attrayant du projet, force est de reconnaître que El velador en dit plus sur la réalit de cette région du Mexique aujourd’hui que tous les films d’action violents et les reportages  sensation réunis.

MpM



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