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Restless

Certain Regard
USA / sortie le 21.09.2011


DYING BEAUTY





"Arrête d'aller aux obsèques d'inconnus."

Comment appréhender la mort, la nôtre ou celle de nos proches ? Comment faire son deuil ? Comment accepter que ce qui vit, un jour, disparaisse ? C'est vrai, le thème est usé jusqu'à la corde, et c'est sans doute pourquoi le scénario de Gus van Sant semble sur certains points extrêmement convenu, voire prévisible.

Pourtant, il livre un film charmant, dénué de pathos, et même lumineux, qui remet le célèbre carpe diem au goût du jour. Finalement, peu importe le temps qu'il nous reste, l'essentiel est de bien l'utiliser. Revenir à ce qui est vraiment important, loin des valeurs superficielles que nous impose la société. Simpliste ? On plaint souvent les malades qui se savent condamnés car ils connaissent la date de l'échéance. Mais on oublie souvent que les autres aussi peuvent mourir à tout instant. Personne n'est à l'aise avec cette idée. Pourtant Gus van Sant s'en empare avec simplicité, plaçant sans manière ses personnages face à la réalité.

Et si Restless, malgré ses défauts et ses facilités, parvient à séduire, et surtout à émouvoir, c'est en partie dû à cette simplicité et à la franchise qu'il prête aux deux jeunes héros. Devant sa caméra, la mort devient une chose naturelle, terrible mais inéluctable, qu'il ne sert à rien de nier ou d'ignorer. La justesse et la spontanéité de ses acteurs, Henry Hopper et Ryo Kase en tête, évitent tout mélodrame ou tout penchant lacrymal. On est ému, mais on rit aussi beaucoup face aux idées cocasses des deux jeunes gens. La présence d'Hirochi, un fantôme qui hante Enoch, permet à la fois une certaine légéreté, et une ouverture de ces destins individuels sur quelque chose de plus universel.

L'image délavée, la mise en scène discrète et élégante de Gus van Sant, ainsi que la musique (composée en partie par le cinéaste lui-même) donnent au film un aspect atemporel et très doux, renforçant l'aspect allégorique de l'intrigue. Curieusement, malgré la tristesse du propos, qui renvoie chacun à sa propre condition mortelle, et en dépit de son titre, Restless (agité) apporte une certaine paix intérieure au spectateur. Sans rien révolutionner, et sur un mode relativement mineur par rapport à l'oeuvre de Gus van Sant, il offre un contrepoint salvateur à une époque qui place sur un piédestal la frénésie, la compétition et le confort matériel. Le fait de réussir sa vie, nous disent Enoch et Annabel, se situe peut-être sur un autre plan. A chacun de trouver le sien.

MpM



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