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L'arbre (The Tree)

Sélection officielle - Fermeture
/ projeté le 23.05.2010 / sortie le 11.04.2010


L’ARBRE VA TOMBER





«- 9,2 mètres, c’est une immense racine ».

L’Arbre est un film prégnant. Il laisse son empreinte bien après avoir quitté la salle. Un envoûtement ? Une manière élégante, légère et atemporelle d’aborder un sujet dramatique, et par certains aspects, tragiques ? Une fable qui, à l’instar des contes les plus universels, trouve ici la grâce des images de Julie Bertucelli. On pourrait croire à un haïku tant c’est épuré, mais les ramifications et les invités surprises dessinent plutôt une vision du monde où la moindre étrangeté peut être sujet à la panique (les chauve-souris), au jeu (les grenouilles) ou au rêve (la méduse).

Cet arbre (un figuier majestueux) n’est pas qu’un végétal, somptueux, rassurant, menaçant, défiant les pages et les hommes. C’est aussi le père qui y a laissé son âme en le percutant par incident. Depuis que Peter est parti… C’est évidemment l’arbre généalogique où toute une famille, désœuvrée, trouve son réconfort. S’accroche aux branches, au sens littéral comme métaphorique.
C’est un personnage à l’ombre duquel il n’y a pas de haine ou de rancœurs, juste l’envie de faire son deuil. Un deuil impossible puisqu’il rappelle en permanence la présence de l’absent. L’arbre doit tomber, fracasser le passé, anéantir les souvenirs si cette mère et ses enfants veulent se libérer de cette chaine invisible.
Sous le charme.
Les confessions et les désirs, les petits intentions et les ires s’entremêlent sans jamais ennuyer. Aux frontières du fantastique, avec cette séquence filmée humblement mais qui ne manque pas de force, la nature va se rebeller et effrayés ces humains. Quelque chose de surnaturel qui va le déraciner, mais aussi les déraciner. La destruction du foyer n’est pas seulement causée par le départ du père, elle est déterminée par le poids de l’arbre.

Charlotte Gainsbourg, avec sa silhouette de roseau, plie mais ne rompt jamais, - dévastée, vulnérable mais jamais cassée - protégeant ses petites pousses, rejetant les mauvaises herbes, tenté par le bois dur d’un autre végétal. La gamine – Morgana Davies – est étonnante de subtilité. Elle a choisit d’être dans le camp des gens heureux, et nous donne ce bonheur avec une innocence touchante.
Les hommes sont « roots » et la vie bohémienne et modeste, mais joyeuse et colorée, de cette petite troupe, nous séduit.
Le genre de conte qui ne fait pas dormir, au contraire : il faut le transmettre. Cet arbre est magique.

vincy



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