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Rabia


Espagne / sortie le 02.06.2010


ANIMA ANIMALE





« - il y a quelqu’un ? »

Rabia est le troisième long-métrage de Sebastian Cordero, ses deux derniers ayant été produits par Guillermo del Toro. On y retrouve l’ambiance et la marque d’un certain film de genre espagnol qui ont fait le succès de L’Orphelinat ou bien encore Rec, dans des registres néanmoins quelque peu différents mais évoluant dans des sortes de huis-clos à l’échelle d’une maison ou d’un immeuble. L’homme y est alors peu à peu réduit à l’état d’animal épiant les moindres bruits, suivant son instinct…

Ici, dans Rabia, le réalisateur nous dépeint un couple dont l’homme (latino-américain), accusé du meurtre de son patron (espagnol) doit se cacher. Pour cela il se réfugie, à l’insu de tous, dans la grande maison familiale des Torres où Rosa, sa jeune compagne, est employée comme domestique. Il vit alors là plusieurs mois, caché à la vue de tous et se transforme petit à petit en une bête traquée, aux abois. À la fois tout-puissant, omniscient, puisqu’il voit tout et entend tout, il est également impuissant puisqu’il ne peut véritablement agir… jusqu’au jour où…
L’image est forte aussi entre Rosa qui, durant sa grossesse, grossit et José-Maria qui, lui, dépérit jusqu’à ne devenir plus que l’ombre de lui-même. Elle s’arrondit pour insuffler la vie tandis que pour lui, le souffle de la vie s’échappe peu à peu de son corps décharné devenant peu à peu presque méconnaissable. Reclus, vivant dans son silence, il dépérit, se punissant d’un crime qui ne serait en réalité qu’un accident.

Ce film peut aussi avoir une lecture politique et sociale. Le réalisateur s’attache à montrer la décadence de cette grande famille bourgeoise par le biais du père qui parle de Rosa à la troisième personne lorsque cette dernière est présente, du fils qui a ce besoin et cette nécessité de dominer et de posséder ou bien encore de la mère qui, très maternelle avec Rosa, en devient quelque peu possessive. D’un point de vue plus politique, c’est l’opposition entre les espagnols et les immigrés, entre le Nord et le Sud, qui crève l’écran, de façon parfois un peu trop appuyée. José-Maria et Rosa forment tous deux un couple d’immigrés latino-américains confrontés au mépris des espagnols « pure souche » (« - ici on bosse, c’est clair ? t’es pas dans ton pays. »), ce qui les conduira à des situations étranges, lui devenant bête traquée au sens presque premier du terme et elle devenant, malgré elle, un objet de fantasmes des différents protagonistes.

Moins angoissant que L’Orphelinat et moins terrifiant que Rec, Rabia réussit à mêler de belle manière la satire sociale, la critique politique et le thriller prenant. Un subtil et savoureux mélange.

Morgane



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