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Soleil Trompeur 2 : L'exode

Sélection officielle - Compétition



UN FILM IMPOSANT, ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT





« - 39 c’est pas une taille de pompe, c’est de la fièvre. »

Dans quelle étrange galère s’est fourvoyé Nikita Mikhalkov ? Cette première partie de la suite de son film Soleil trompeur n’aurait pu être qu’un feuilleton mélodramatique pour la télévision, ça ne nous aurait pas choqué. Mais avec cette fresque qui se prétend épique, il réalise un film, au mieux risible, au pire pompeux.
Dès le départ, il veut épater la galerie avec des centaines de figurants, une musique pleine de cuivres, des avions et des explosions pyrotechniques. La caméra est lourde, se complaît dans des effets, n’éprouve aucun besoin d’être sensible ou subtile. Ce qui frappe surtout c’est sa propension à plagier tout le monde. Le pont de la Rivière Kwai, Titanic, différents Spielberg… Le réalisateur a perdu son âme russe en voulant draguer un public qui ne se reconnaît plus dans son cinéma d’antan. Les effets visuels sont appuyés lourdement par une lumière sans nuance ou une musique répétitive. Ne parlons pas des abus en brouillard pour créer un suspense ringard. Les effets spéciaux sont juste ridicules et mal faits.

Mais le plus effarant est cette construction narrative façon La Môme, où les flash-backs n’ont rien de chronologiques et ne servent qu’à alterner les tonalités (drame, émotion, action) et respecter les équilibres entre les trois personnages principaux. Le film devient confus et Oleg Menchilkov se voit réduit au rôle de fil conducteur sans épaisseur. Nikita Mikhalkov s’est octroyé un personnage de sur-homme slave, survivant à tout. Quant aux méchants, les nazis, ils sont dépeints comme grossiers, barbares, des bêtes.
Car le propos de Soleil Trompeur 2 ne doit pas nous tromper. Dieu Famille Patrie. Un bon film conservateur à la gloire de la Sainte-Russie et de son passé héroïque (du temps des Tsars). Avec au cœur de ce mélo, une jeune femme à la recherche de son père : le biologique, certes, le protecteur, évidemment, mais aussi Staline et Dieu. Grande séquence cultissime quand elle est sauvée d’un raid aérien en pleine mer. Elle survit à la mer sans doute froide (on ne sait jamais où les choses se passent), avec le Père Alexandre, qui la baptise, alors qu’ils flottent agrippés à une mine. Cette scène assez longue, qui va permettre à la mine d’aller exploser le vilain bateau qui n’a pas voulu la secourir, vaut son pesant de roubles quand elle quitte sa « bouée » explosive pour rejoindre le rivage (bien loin mais bon elle doit être aussi championne de natation). « Merci petite mine. Adieu petite mine. » Dans le texte.

Ce film historique, loin d’être réaliste, oublie ses personnages, inexistants. Dieu est omniprésent. Il faut accepter sa volonté, ne pas se mettre sur sa route, y croire. Mais Dieu, pour certains c’est Staline. Le tyran offre pourtant la seule bonne scène du film. La première. Un rêve où on lui offre un gâteau où son portrait est dessiné au chocolat. Mais personne n’ose découper sa tête… Nikita Mikhalkov (acteur), dans un excès de folie, lui plonge le crane dans la pâtisserie. Comme Nikita Mikhalkov (réalisateur) nous enfonce notre visage dans une rosse pièce montée indigeste.

vincy



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