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festival-cannes.com

 

Route Irish

Sélection officielle - Compétition
/ projeté le 19.05.2010


UN HOMME QUI CRIE





"Ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment."

Ken Loach apporte sa pierre à l'édifice cinématographique sur la guerre en Irak, en se plaçant sous l'angle spécifique de la privatisation de la sécurité. Il dénonce en effet l'omnipotence et la quasi impunité des sociétés privées payées des fortunes pour protéger les civils étrangers à Bagdad, quitte à jouer les cow-boys auprès de la population locale.

Malheureusement, rien de ce qu'il montre n'est une véritable découverte (la violence des mercenaires et leurs difficultés à revenir ensuite à une vie civile), et les rebondissements de l'enquête, cousus de fil blanc, ne parviennent jamais à nous surprendre. Peut-être le film arrive-t-il trop tard.

Paul Laverty, qui est une fois de plus au scénario, nous refait le coup des deux frères engagés dans une guerre (comme dans Le vent se lève) si ce n'est que cette fois, ils sont dans le même camp. Pourtant, on a du mal à croire à cette indéfectible amitié. D'autant que Mark Womack surjoue toute la gamme d'émotions qu'il est censé éprouver, de la colère à la douleur, et passe son film à hurler et à jurer (on ne compte plus les "fuck"). Globalement, tous les personnages manquent de profondeur. Même les horreurs qui les hantent ne nous semblent pas si terribles.

Avec Route Irish, Ken Loach est donc loin derrière son dernier grand succès cannois, Le vent se lève. Moins humaniste que d'habitude, il filme une Angleterre d'ordinaire absente de ses films, et peu sympathique : celle qui fréquente les golfs et autres lieux de pouvoir, vit dans des lofts ultra-modernes, et a une calculatrice à la place du coeur.

Même la violence est ici soulignée, qu'elle soit en Irak ou à Liverpool, avec une scène de torture qui semble s'étirer interminablement et vainement. Cela ne ressemble pas au réalisateur britannique de donner dans le complaisant, et l'on comprend qu'il a cherché des images-choc dans le seul but de servir son propos. Mais pourquoi s'attacher à une vengeance avec tant d'acharnement? Car cela produit l'effet inverse. Et en nous désolidarisant du personnage principal, il fait perdre à son film, portant bien mis en scène, jamais ennuyeux, le peu de compassion qu'il inspirait.

MpM



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