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Le site de Panique au village
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Entretien avec Stéphane Aubier et Vincent Patar

 

Panique au village

Sélection officielle - Séances spéciales
Belgique


CARREMENT A L'(OU)EST





"Me calmer, me calmer !!! Tu as vu l’état de mon tracteur ?"

Malgré sa parenté avec le "nonsense" britannique et tout une tradition de comique absurde et déjanté, Panique au village fait l’effet d’un ovni cinématographique qui bouleverse allégrement le petit monde l’animation. Ici, aucun message, pas la moindre velléité de bon sentiment et surtout pas de morale à faire entrer de gré ou de force dans la tête du spectateur, mais un pur délire visuel et narratif qui évoque, quoique dans un registre différent, les grandes heures des Monthy Python ou de Mel Brooks.

L’humour naît à la fois des situations (une commande d’un milliards de briques), des dialogues (très premier degré), du fourmillement de détails décalés (la brosse à dent géante de Cheval, la botte de foin au chocolat) et du contraste permanent entre ce qui se passe à l’écran et ce à quoi on est habitué dans la réalité. Dans Village, il n’y a en effet pas de barrière entre humains et animaux, qui vivent ensemble et ont les mêmes préoccupations. Ainsi, Cheval habite avec Cowboy et Indien, lit le journal et prend des cours de piano, ce qui donne lieu à quantité de scènes complètement absurdes. D’autant que Cheval fait office de figure paternelle (un peu dépassée) auprès des deux frères ennemis qui passent leur temps à provoquer des catastrophes. Dans le même ordre d’idées, le fermier Steven est secondé par divers animaux de ferme qui semblent globalement faire tout le boulot à sa place...

Curieusement, bien que l’histoire ne soit pas spécialement destinée au jeune public, ou même écrite pour lui plaire, le ton du film a quelque chose d’enfantin et de naïf qui en décuple le potentiel comique : la manière dont les personnages s’interpellent ("Cheval", "Facteur", "Indien"), les voix en parfaite inadéquation avec les corps ou les stéréotypes (Cowboy et sa petite voix qui bafouille, Steven qui hurle avec un accent belge à couper au couteau), la propension des différents protagonistes à enchaîner bêtises et farces... L’impression est renforcée par le système d’animation utilisé par Vincent Patar et Stéphane Aubier : chaque personnage est représenté par une figurine rigide filmée image par image. Rien que pour Cheval, il a ainsi fallu 200 figurines le présentant dans autant d’attitudes différentes. Ce côté artisanal, limite "playmobil", apporte beaucoup de charme à l’ensemble. Déjà parce que c’est loin d’être aussi "léché" que dans un film d’animation classique, donc plus adapté au fond, et surtout parce que cela donne envie d’essayer de faire la même chose dans son salon. En moins bien, forcément. Mais un film suffisamment réussi pour éveiller un désir de création chez le spectateur peut sans doute s’estimer comblé au-delà de toute espérance.

MpM



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