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En Jouant Dans la Compagnie des Hommes

Certain Regard
France


La Répétition





 - Sa compagnie disparaîtrait de sa vie comme le Mont Blanc dans le trou d’évier. 

C’est une copie de travail qui nous a ét montrée lors de l’Ouverture d’Un Certain Regard. Sans vouloir vous mentir, nous conseillerions bien de couper une demi-heure de film pour la version définitive. Mais, hélas, le formalisme intégriste de Desplechin l’emportera sur le plaisir qu’aurait pu procurer un tel film, avec un si beau sujet. Pourquoi ce cinéaste aux choix si intéressants se piège-t-il avec des expérimentations narratives qui larguent les spectateurs ?
Nul doute que le film aurait plu  Chéreau : avec un tel amour du théâtre, des acteurs, FIFA Coins du jeu pour résumer, le cinéaste d’Esther Kahn prolonge sa veine des portraits mi-réels mi-fictifs de jeune gens paumés dans leur destin, décalés de leurs proches, en mal d’amour aussi. Cette réflexion sur le métier d’acteurs (qui ici se retrouve dans le grand bluff verbal et mental que se jouent des requins financiers peu sympathiques) n’est que l’illustration d’un discours plus lourd, passionnant, sur le cynisme de notre sociét contemporaine. Il s’agirait presque d’un film politique. En tout cas, nous sommes loin des émois amoureux qui torturaient jusqu’à l’insupportable ses personnages des films précédents.
En effet, il dépeint une tragédie shakespearienne avec ces  shareholders  (actionnaires) et ses marionnettes du pouvoir. Le sujet suffisait amplement par lui-même. Un thriller économique, anti-militariste, humaniste même. Un très beau film avec en son cœur, un innocent aux mains pleines contre des salauds aux poches trop vides  leur goût. Ces irresponsables ne se sentent jamais coupables. Le coupable, c’est l’innocent. Trop intègre. Incapable de s’intégrer. Notre malheur survient en deux temps : l’aspect déstructur qui dessert l’oeuvre dans son ensemble. Jamais le parti pris n’est évident. Il retire même l’essence romantique (la liaison Mouglalis / Bouajilah) filmée comme un essai  cheap  entre comédiens. Au lieu d’être séduit, on cherche  comprendre.
Pour notre plus grand malheur, le scénario divague et s’autorise quelques digressions. Elles ont chacune leur propre valeur, mais dans l’ensemble, elle détourne le concept de leur but initial (la relation père/fils). Celle du sous-marin (l’histoire de Jonas) est carrément insupportable, gratuitement violente et stérile narrativement. Un vrai gâchis organis. On reconnaîtra,  son actif, que le réalisateur sait diriger ses acteurs. Aucune exception ne vient gaspiller notre bonheur de les voir aussi naturels, aussi joueurs.
Un film qui avoue qu’être lucide de nos jours c’est être malade, ne peut pas être totalement mauvais. Un jour cette lucidit sera peut être synonyme de générosit. Pour le moment, Desplechin nous donne encore et toujours une vision suicidaire du monde. Un air qu’il semble incapable de respirer. Ce film ne sera pas encore sa bouffée d’oxygène

(Vincy)

Vincy



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