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Antichrist

Sélection officielle - Compétition
Danemark / sortie le 27.05.2009


LE DIABLE AU CORPS





"- Tu voulais me tuer ?
- Pas encore.
"

Farce ridicule ou expérience radicale ratée ? Antichrist, franche incursion de Lars von trier dans le monde du film d’horreur, laisse perplexe. Avec ce huis-clos inquiétant situ� au milieu d’une forêt forcément hostile, le réalisateur réinvente une nouvelle genèse (l’endroit s’appelle "Eden" � paradis en français) o� Eve et Adam sont un homme et femme qui viennent de perdre leur enfant. Leur difficile travail de deuil sert de catalyseur � la dégradation de leur couple en révélant des tensions et des rancœurs qui, en d’autres circonstance, seraient peut-être restées enfouies pendant des années avant de faire surface.

La jeune femme, rongée par la culpabilit�, rejette tantôt la faute sur son compagnon, tantôt sur elle-même. Elle revient sur d’anciens griefs (l’indifférence supposée de l’homme � son égard) et explique rétrospectivement le pass� par le présent. Lui semble au premier abord moins perturb� : il tente de l’aider et affiche la physionomie idéale d’un mari dévou� et attentif. Toutefois, son comportement semble rapidement cacher quelque chose. Ses "exercices" thérapeutiques sont-ils des remèdes ou attisent-ils le mal ? Et ne semble-t-il pas trouver un certain avantage � ce que sa femme soit malade� et en son pouvoir ?

Le sentiment se confirme lorsqu’ils arrivent dans la forêt o� il a des visions étranges, macabres. C’est l� aussi que le film se perd en s’enfonçant dans un mauvais pastiche de film de genre. Bruits inquiétants, sensation d’un témoin extérieur qui les observe (par un jeu du zoom et dézoom), animaux ensanglantés� Quelque chose couve, � l’intérieur, qui se reflète sur leur perception du monde. La méfiance s’instille en eux, � l’égard de la nature environnante (manifestation diabolique) comme d’eux-même.

C’est � peu près � ce moment que l’histoire bascule dans un salmigondis de propos ésotériques, de thèses fantaisistes et de pistes navrantes. La sexualit� frénétique de la jeune femme devient ainsi phénomène terrifiant et manifestation de rien moins que le diable. S’en suivent quelques séquences éprouvantes de mutilations diverses (notamment sexuelles, histoire d’être puni par l� o� l’on a pêché…), d’hystérie, de grand guignol et surtout de symbolisme lourdingue. Et dire qu’avant les deux derniers chapitres (d’un film qui n’en compte que quatre, ainsi que prologue et épilogue), on était plutôt captiv� par cette exploration des relations hommes/femmes et des fantasmes qui en découlent ! Après un tel ratage, il fallait vraiment une bonne dose d’audace (d’inconscience ? de vanit� ?) pour oser terminer le film sur une dédicace au cinéaste Andre� Tarkovski�

MpM



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