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Vengeance

Sélection officielle - Compétition
/ sortie le 20.05.2009


DE GLORIEUX BATARDS





«- T’as pas tiré depuis quand ?
- depuis 20 ans.
»

Vengeance apparaîtra sans doute comme l'œuvre de compromis de Johnnie To, sacrifiant une part de complexité narrative au profit d’une cible plus grand public et internationale. Le scénario est du coup un peu simpliste, se reposant sur une série de coïncidences, et ce minimalisme constant (du jeu de Johnny Hallyday au cadrage épuré) fait de Vengeance un film presque abstrait.

Cependant, ne boudons pas notre plaisir : le thriller est efficace, admirablement mis en scène. Un second degré assumé. A défaut d’être son œuvre la plus originale, il s’agit sans aucun doute de son œuvre le plus « occidentale » avec des codes cinématographiques proche du Western (on pense même aux films de Peckinpah et Penn dans la scène d’assault de la triade contre leur ennemi, dans le terrain vague).
Après un prologue aussi choquant qu’expéditif, où un bonheur familial explose façon puzzle, ce polar élégant invite un héros ressuscité des films de Jean-Pierre Melville. Mélange hybride qui trouve aussi sa résonnance dans le lieu du film, Macao, ville chinoise et portugaise, la plus européenne de tout l’Extrême-Orient. A défaut de malice, l’œuvre est métisse.

Surtout son découpage est habile, rendant l’ensemble divertissant. Ainsi on retrouvera le prologue dans une séquence où le flash-back sur la tuerie se révélera au fil de la découverte des lieux du carnage. Peu de répit, si ce n’est pour des dialogues proches des Léone et des situations cocasses qui rappellent d’ailleurs le cinéma italien de l’époque. Il reste qu’il n’est jamais aussi bon qu’en installant le suspens avant de passer à la baston. Le polar est élégant et Johnnie To se complait dans ses histoires de triangles, auxquels il rajoute, ce coup-ci, un angle.

La présence d’un comédien français, utilisée comme une icône, ressentie comme un martien, contribue à cet étrange rapport entre les Chinois : comme si un grain de sable rouillait leur mécanique traditionnelle de règlements de compte. Mais il puise dans l’amnésie de son personnage principal les meilleures idées du script, qui font, ainsi, oublier que Vengeance n’est qu’un film très mis en scène, avec virtuosité et lyrisme. En effet, comment un homme qui ne sait pas qui il doit tuer va-t-il faire pour trouver sa victime ?

L’accent de Johnny Hallyday pourra toujours prêter à sourire, en tout cas, quand il flingue, il cause pas, quand il cause pas, il est une parfaite silhouette et un tueur idéal dans cette histoire banale au sein d'un univers aussi référencé que celui de monsieur To.

vincy



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