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Thirst, ceci est mon sang... (Bak-Jwi)

Sélection officielle - Compétition
Corée du sud


LOVE SANG





"Pour quelqu'un qui vit du sang des autres, vous êtes drôlement avare du vôtre..."

Avec Thirst, Park Chan-wook s'empare du personnage classique du vampire pour explorer à nouveau son thème favori, l'interaction entre péché et rédemption, déviance et expiation. A défaut d'être brillant et convaincant, il donne l'impression de beaucoup s'amuser en cédant à la plupart des exigences de la série Z, aussi bien dans son contenu parfois complaisant (hémoglobine, revenants et supers pouvoirs) que sur le plan formel.

En effet, le film souffre d'un véritable relâchement narratif qui le fait s'égarer à plusieurs reprises dans des sous-intrigues ou des scènes inutiles. On a ainsi l'impression qu'il met un temps fou à entrer dans le sujet central (l'histoire d'amour quasiment anthropophage entre le prêtre vampire, Sang-hyun, et la femme de son ami d'enfance, Tae-ju) mais également à en sortir. Cela donne un film inégal, foutraque, qui laisse sur leur faim les vrais amateurs de films de genre en raison de son ton trop distancié, à la limite du pastiche, et déçoit les fans habituels de Park Chan-wook, toujours en attente de coups d'éclat, de mise en scène survitaminée et de scénario brillant.

Cinématographiquement parlant, pourtant, le réalisateur prouve une nouvelle fois qu'il a l'oeil pour placer sa caméra à l'endroit qui sert le mieux la séquence. Sa mise en images est juste plus discrète que par le passé, en raison notamment d'un fort découpage en plans furtifs. A plusieurs reprises, des scènes filmées en plongée depuis le plafond donnent par exemple l'impression d'un regard suspendu, scrutateur et menaçant. Vision fantasmée du Dieu auquel croit le prêtre ?

La "profession" du héros n'est en effet pas anodine. Au contraire, il y a beaucoup à dire sur les multiples références à la religion catholique, religion "vampirique" par excellence puisque les fidèles se nourrissent symboliquement du corps et du sang de leur sauveur. Ici, on a affaire à un prêtre plein de zèle et de bonne volonté qui veut faire le bien d'autrui envers et contre tout. Thirst ne raconte pas tant l'histoire de comment il bascule du "côté obscur de la force", mais plutôt de comment il échoue à sauver ses semblables malgré eux. Plus il essaye, plus il empire les choses... jusqu'à se mettre à pratiquer exactement le contraire de ce qu'il prône. Chez lui, le vampirisme est moins une malédiction (thème classique de la littérature occidentale) qu'un sacrifice, une croix nécessaire à porter pour venir en aide aux autres.

Ainsi, Sang-hyun veut s'ériger en vampire "éthique", tentative forcément dénaturée par ses nouveaux besoins charnels et instinctifs, qui oscille entre grotesque et allégorie. On touche là au coeur du film qui ne recule pas devant le ridicule et assume sans complexe ses aspects "grand guignol" et son humour décalé. A condition de l'envisager sous cet angle-là, on peut trouver un certain charme à ce récit incontestablement gonflé. Boursoufflé, diront certains, qui n'auront pas totalement tort s'ils accusent Park Chan-wook de s'être égaré en chemin...

MpM



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