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Happy Sweden (Involuntary)

Certain Regard
Suède / sortie le 29.04.2009


(DE)PRESSION SOCIALE





"Nous avons décid� de dire le contraire de ce que tu disais."

Dans une salle de classe, une jeune élève doit déterminer lequel de deux traits dessinés � la craie sur le tableau est le plus long. A deux reprises, le reste de la classe conteste son choix. La troisième fois, elle choisit d’elle-même le plus court, celui, d’après son expérience, que les autres vont choisir aussi. Cette séquence du deuxième long métrage de Ruben Ostlund est tout sauf anecdotique. En quelques minutes, elle concentre tous les thèmes dont le réalisateur a parsem� ce portrait baroque et impertinent de la sociét� suédoise : le rapport de l’individu au groupe, la puissance de la pression sociale et la nécessit� impérieuse de ne jamais perdre la face. On parle ici de la Suède, mais en réalit�, cette étude sociale insolite donnerait probablement le même genre de résultat partout : des individus (jeunes et vieux, filles et garçons) qui tout � coup, se laissent ériger en victimes (ou en menteurs, ou en imbéciles), pour la simple raison qu’ils refusent de détériorer l’image que les autres peuvent avoir d’eux ou, pire, d’être rejetés du groupe.

Formellement, Happy Sweden (Involuntary en version originale) est construit de manière � désorienter le spectateur en lui donnant en permanence l’impression d’être un voyeur. En effet, on a systématiquement un point de vue parcellaire de ce qui se passe dans chacune des séquences indépendantes composant le film. Soit la caméra est située trop près, présentant les personnages sous un angle bizarre (tête coupée, contre-plongée), soit elle est au contraire trop loin, ne permettant pas de saisir les visages ni les expressions des protagonistes. Ce dispositif expérimental, doubl� de l’absence de tout fil conducteur entre les micro-intrigues, renforce la sensation d’avoir affaire � des "cobayes" soumis � des tests comportementaux légèrement sadiques. C’est � la fois déroutant et captivant, mais jamais didactique. Si bien que l’air de rien, Ruben Ostlund parvient très bien � nous amener sur le terrain glissant du "et moi, jusqu’o� suis-je prêt(e) � aller pour ne pas perdre la face ?"

MpM



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