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S 21 - la machine de mort Khmère Rouge (S 21 - la machine de mort Khmère Rouge)

Sélection officielle - Séances spéciales
/ sortie le 11.02.04


MAUVAIS KARMA





"- Les os crient, la chair appelle."

Ce documentaire fera date non pas pour ses qualités cinématographiques mais pour la valeur du témoignage qu'il apporte. Mieux qu'un regard sur l'horreur humaine, puisque nous ne voyons rien mais devinons tout, il s'agit d'un véritable travail sur la compréhension des faits, pour un jour, atteindre un éventuel pardon, toujours impossible. Rithy Panh a du faire preuve de patience et d'écoute pour trouver les rares survivants de ce génocide, mais aussi pour faire parler les responsables (à défaut d'une culpabilité jugée par un tribunal). Ce dialogue entre victimes et bourreaux est sans aucun doute une magnifique contribution à la pacification de ce peuple hanté par ses actes maudits. Mais hélas, sans mea culpa, sans justice, comment pardonner et tourner la page ?
Si l'Histoire a décimé des familles, si ces morts n'ont pas de sens ("Je ne comprends pas la raison d'une telle sauvagerie"), le documentariste, en revenant sur les lieux du crime avec tous les protagonistes, démontre l'absurde et dévoile l'atroce. Comment ne pas être effaré en voyant ce gardien répéter, presque de manière pavlovienne, tous les gestes de son quotidien d'adolescent... Comment ne pas être effrayé en écoutant ce médecin expliquer qu'il "fallait soigner les torturés pour de nouveau les interroger".
La machine de mort c'est un mélange d'humiliation psychologique et de douleur physique pour les victimes. Mais c'est aussi un endoctrinement réussi sur des gamins pour qu'ils infligent ces blessures et qu'ils tuent leurs concitoyens. Sans pression ni menace, Rithy Panh parvient à leur soutirer des aveux qui révèlent la monstruosité du processus. Ceux qui ont survécu ont cette chance immense d'être en vie. A quel prix? Si le documentaire est un peu long et monotone par certains moments, si l'image est plus appropriée pour la télévision que pour le cinéma, sa valeur est inestimable : cette dimension d'archivage, où un peintre nous guide à travers ses regards perdus et ses tableaux illustrant ses souvenirs, fera date et permettra de ne pas oublier.
Entre rédemption et repenti, les falsificateurs ne pourront plus ignorer à quel point un tyran a manipulé un peuple, jusqu'à le détruire. Loin des faits divers de proximité, nous voilà face à une perspective différente, un grand angle sur l'Histoire et l'Homme, sous ses pires aspects.

vincy

vincy



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