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Le bon, la brute, le cinglé (Joheunnom nabbeunnom isanghannom)

Sélection officielle - Hors compétition
Corée du Sud


CRAZY WESTERN





« - Vous avez déjà vu un bandit avec un ticket de train ?»

Kim Jee-won a remplit son contrat. Ce que nous attendions, à la vue du titre, est bien une version remixée d’un film de Sergio Leone où John Woo et Stephen Chow y auraient mis leur grain de sel. Le bon, la brute, le cinglé est un délire précisément construit, pas trop barré, mais clairement violent. D’ailleurs qui pourrait dire qui est le plus brutal et le plus cinglé des trois ? On aurait aussi bien pu l’appeler Le mercenaire, le sadique, l’abruti.
Film en furie, avec ses codes et ses clins d’œil, il ravira les amateurs. Sa qualité technique – des images aux couleurs saturées rappelant la photo de Christopher Doyle, une direction artistique sublime, entre costumes latinos, paysages chinois à couper le souffle et décors de l’Ouest américain – le met à un haut niveau dans les films de ce genre. Le montage nerveux et les effets de caméra hollywoodiens en font un blockbuster évident.
Mais Kim Jee-won ajoute deux éléments qui rendent ce « western noodles » trépident. Une musique rock et hispanisante où l’on reconnaîtra des versions remixées d’airs cultes. Trois comédiens charismatiques : Song Kang-ho pervers à souhait avec son look à la James Belushi dans 1941, Jung Woo-sung en Lucky Luke énigmatique, et Lee Byung-hum, qui peut se valoir d’être le plus bel acteur asiatique du moment. On en crèverait délicieusement sous ses balles…
Et ça n’en manque pas de fusillades, ni de combats ou de poursuites. Ca cogne toutes les dix minutes, dans les moments les plus reposants. Une seule scène d’action fait défaut d’un point de vue cinématographique, celle du marché où le cinéaste a du mal à placer ses caméras et nous perd dans l’espace, rendant confus les attaques. Cependant, avec quelques bonnes idées (le scaphandre), il parvient à distiller un peu de dérision dans l’ultraviolence. Comme il compense la surdose de plans par un film relativement épuré, composé de grands espaces, habités presque exclusivement par des combattants. La séquence qui marque le plus est cette grande course poursuite, explosive et saignante, à travers le désert, entre deux bandes de voyous, le bon et le cinglé mais aussi l’armée japonaise. Assez longue, et, ce coup-ci, bénéficiant d’une spatialisation limpide, on est proche des Aventuriers de l’Arche perdue, avec ses multiples rebondissements. Sauf qu’ici le trésor est inattendu et la fin plus ouverte qu’on ne l’aurait cru. Suffisamment pour espérer une suite. Et après tant de plaisir ébouriffant, de jouissance primitive et régressive, on ne se plaindra pas.

vincy



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