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The chaser (Chugyeogja)

Sélection officielle - Séances spéciales
Corée du Sud / sortie le 18.03.2009


LA NUIT DU CHASER





"Je ne les ai pas vendues... je les ai tuées"

Inspiré du film noir américain et du thriller traditionnel, The chaser a toutes les cartes en mains pour délivrer deux heures de suspense et d’adrénaline : personnage principal trouble et monolithique, serial killer inquiétant et insaisissable, course contre la montre pour sauver une jeune femme en danger de mort. Nerveux et bourré de rebondissements, le film fait tout pour ne pas être seulement un petit polar asiatique de plus et cherche constamment à surprendre le spectateur. Pour ajouter à l’angoisse, Na Hong-Jin bâtit ainsi pratiquement toute son intrigue sur la recherche non pas de l’identité du tueur (dévoilée très tôt), ni même sur son mode opératoire, mais plutôt sur la nécessité de trouver en moins de 12h une preuve susceptible de l’accabler. Le spectateur, lui, a tous les éléments en mains, et assiste avec un mélange d’angoisse et de gourmandise aux avancées de l’enquête, menée à la fois par la police et par le proxénète des jeunes femmes disparues.

Cette mise en parallèle des deux méthodes d’investigation permet au réalisateur de dresser un portrait cinglant des autorités de son pays (une bande d’incapables ne cessant de se fourvoyer, plus soucieux de se couvrir et de protéger leur carrière que de sauver des vies) mais également de la société coréenne, violente, égoïste et lâche. Comme souvent dans le polar traditionnel, c’est donc à un individu isolé qu’il revient de faire justice, quitte à tomber dans l’illégalité la plus complète ou même à y laisser la vie. Mais là où Na Hong-jin tape fort, c’est que son homme providentiel n’a absolument rien du héros respectable. Dépourvu d’honneur ou d’empathie, il n’agit au départ que dans un but intéressé : les jeunes femmes disparues lui importent peu, il se soucie uniquement de l’argent qu’elles lui doivent ou qu’elles auraient pu lui rapporter. A croire que la Corée est tombée bien bas pour ne plus pouvoir compter que sur ce genre d’individus…

Seul bémol, la dernière partie du film, qui ne parvient pas à maintenir la sécheresse visuelle et psychologique du reste. Tout à coup, sans que l’on comprenne pourquoi, The chaser dérape et glisse lentement dans le mélodrame. Les bons sentiments envahissent le récit et lui apportent un ton soudain didactique et presque moral qui contraste violemment avec la noirceur de l’intrigue et des protagonistes. Au mieux, on se dit que le réalisateur a loupé sa sortie, ce qui arrive. Au pire, on n’arrive pas à croire à cet énième retournement de situation, et cela gâche vraiment notre plaisir.

MpM



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