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Un homme perdu

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Liban


UN PUDIQUE





"- Vas y te gênes pas. Tu peux faire l'amour avec elle si tu veux."

La caméra est portée à l'épaule. Fébrile, tremblante. Comme s'il fallait le mouvement pour oublier le sujet : un photographe. Pourtant, à l'instar du cliché photographique, le film est sur le vif, à vif même. Si Un homme perdu manque de rythme et du coup se perd réellement dans des séquences insignifiantes, il y a, parfois, des instants fulgurants, des errances du regard qui nous saisissent.
L'intensité des visages de ces deux hommes et de ces femmes donnent une profondeur particulière aux images. Les temps morts, les silences imposés du voyage, de la rencontre avec l'inconnu sont alors plus intéressants que la trame scénaristique. Un homme perdu, film sans relief, est souvent sauvé par le charisme de ses deux comédiens. Poupaud, franc, à l'aise, direct, empathique. Siddig, mystérieux, ténébreux, farouche, intriguant.
Danielle Arbid ne dépasse pas le stade de l'observation racontée. Trop déstructuré, le film se défragmente en trop de récits pour nous captiver complètement. Par exemple les séquences érotiques, voyeuses et exhibitionnistes, ne se lient pas naturellement avec la découverte de l'étranger (l'individu comme le pays). De même la psychologie des personnages ne réussit pas à trouver sa place dans un road-movie. On comprend bien que le photographe fuie la merde pour voir si elle sent meilleure ailleurs. Que cet ailleurs ce sont d'autres gens, d'autres misères, d'autres culs. Mais ça ne suffit pas. L'expérience est ainsi trop limitée et l'histoire trop synoptique pour dépasser le cadre du film de témoignage.
Mais témoins de quoi? D'un Proche-Orient délabré, en mal de cicatrisation? Ou de la quête d'une femme idéale, composée de clichés distincts de courbes, gestes, peaux, ombres de femmes nues et jouissives? La défiance des deux hommes ne se reflètent pas dans ce film presque trop sage. Si le photographe "prend plus qu'il ne donne", le cinéma ne donne pas assez pour que nous puissions recevoir quelque chose. C'est ce qui se dégage, finalement : une forme de tristesse déceptive.

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