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Ocean's 13 (Ocean's Thirteen)

Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 20.06.2007


POUR / FAITES SAUTER LA BANQUE





"Vous êtes les Lennon et McCartney des voleurs, mais vous êtes dépassés."

Ceux qui pensaient que l’heure de la retraite avait sonn� pour les as du casse virtuose se sont trompés. Plus en forme que jamais, Danny Ocean et sa bande remettent le couvert pouss� par la plus noble des causes : sauver la vie de leur ami Rueben et venger son honneur bafou�. On est prévenu tout de suite, c’est la loyaut� plus que l’appât du gain qui est au centre de ce troisième volet. Histoire de rompre avec la routine des cambriolages � grande échelle, ils décident de ruiner leur ennemi en transformant le temps d’une nuit son nouveau casino haut de gamme en lieu o� les joueurs gagnent plus qu’ils ne perdent. Si le projet est simplissime, il s’avère particulièrement séduisant, d’autant qu’il se complète au fil de l’intrigue de complications en tout genre (une intelligence artificielle imbattable gérant le système de sécurit� par exemple) et de défis excitants (quelques énormes diamants � escamoter au passage). Pourquoi faire dans la mesure quand on peut y aller � fond...

Il faut le confesser, deux heures de frivolit� dans un festival de larmes et d’horreur, voil� qui fait un bien fou. Comme aux meilleures heures de Mission impossible (la série), on voit dans une première partie se mettre en place un plan auquel on ne comprend rien. Puis les pièces du puzzle s’emboîtent lentement les unes aux autres jusqu’au tout dernier dénouement. Entre temps, les personnages s’amusent et nous avec. On adore Brad Pitt déguis� en scientifique écolo, Matt Damon en secrétaire coinc�, Georges Clooney en larmes devant le show d’Oprah. Les acteurs sont une nouvelle fois le meilleur atout du film et le duo form� par Pitt et Clooney en est le moteur indéniable. Pas étonnant, puisqu’ils sont servis par des dialogues extrêmement bien écrits, qui mêlent répliques brillantes, références appuyées aux précédents opus et même clins d’œil � leur vie réelle (le "tu devrais te poser et fonder une famille" savoureux de Georges � Brad). Entre complicit� jubilatoire et parodie de confessions intimes (des remarques banales sur les "relations humaines" par exemple), ils apportent ainsi la légèret� et le recul nécessaire pour apprécier la dimension éminemment comique de ce faux film de suspense. Car oui, le suspense a presque complètement disparu de la trame générale, laissant place au plaisir brut et presque enfantin de voir les héros qu’on aime botter les fesser du grand méchant.

Derrière cette futilit� assumée, on retrouve également quelques pics acides � destination de la sociét� américaine o� l’image compte plus que tout. Le faux écologiste incarn� par Rusty menace ainsi le vénal propriétaire du casino de se retrouver traîn� dans la boue � la une du Times. Plus tard, furieux qu’Ocean ait remis son argent � une association humanitaire, Terry Benedict retourne les choses en sa faveur en paradant dans les médias en tant que généreux donateur. Toute publicit� est bonne � prendre, n’est-ce pas� Mais au fait, ça ne vous rappelle personne ?

***


CONTRE / NOSTALCHIC

- Tu es class� nain dans 34 états.
- Et grand homme dans les 34 autres ???


Ce troisième opus laisse un goût étrange tant il n’apporte rien � la série. Remake du premier épisode, comme s’il s’agissait d’oublier la diversion du second, ou retour aux � basics � pour se faire plaisir ? Peu importe le résultat reste un film étrangement simple, extravagant par instants, sans enjeu réel ni surenchère autre que celles des poncifs hollywoodiens : plus c’est énorme, plus c’est spectaculaire. Mais la répétition retire tout effet de surprise au spectateur. Le scénario déroule la même mécanique habituelle : ils vont s’en sortir, malgr� le piège improbable qui leur ait tendu. Leur fidélit� amicale absolue déjouera le fourbe, salaud, arrogant, pêcheur et mégalo Al Pacino. Il est assist� de la vamp Elle Birkin, déj� chaude de lui dans Sea of Love, polar moite et culte. Soderbergh continue ainsi ses clins d’œil � un cinéma du pass�. � On a même serr� la main de Sinatra. � C’est dire si l’aspect nostalgique est ressass� � outrance, jusqu’à ces regrets évoqués d’un Las Vegas oubli�, de mirages disparus.
A défaut d’avoir quelque chose � dire ou � montrer, le cinéaste aurait pu au moins soigner le script. Parfois confus, pour ne pas dire incompréhensible, il est avant tout dict� par la tyrannie d’un divertissement superficiel au mieux agréable et euphorisant au pire ennuyeux. S’ils ont � du style, du brio, de la loyaut� � ces � Lennon & McCartney � de la cambriole en sont � restés � l’analogique. � Les astuces sont sympas sans être transcendantes, ils ont cet art du déguisement qui nous entraîne dans un désir d’amusement. Mais la réalisation plutôt ramollo et la banalit� du synopsis n’en feront pas un film qu’on voudra revoir avec impatience.
Seul un enchaînement de séquences provoque une fluidit� qui nous emballe : nous passons de Clooney et Pitt chialant devant Oprah � Vincent Cassel choisissant des slips puis � Caan junior et brother Affleck faisant les socialos au Mexique. L� une dynamique s’enclenche. Rien de factice. Car souvent le spectateur voit les scènes arriver. Et quand l’un demande �Tu es dedans ?�, le cinéphile a envie de répondre � pas tant que ça. � Le comédien lui préfère dire plus ironiquement � je hais cette question�.
Pince sans rire, la dérision du groupe fonctionne du coup essentiellement sur les dialogues. Paradoxe pour un cinéaste si dou� pour l’image qui évacue ses personnages avec une réplique sans relief (�- O� sont Tess et Isabel ? - Ce n’est pas leur combat.�). En ôtant l’affectif et le sentimental tout en remplissant d’ellipses et de sous-entendus ses relations, Soderbergh tente de faire de la vacuit� une forme d’art cinétique conceptuel. Du coup cela nous semble surtout désincarn�. Un simple jeu sans aucun je. Un film o� d’un côt� il y a la référence ultime, forcément détournée, forcément du pass� : � C’est L’Arnaque � l’envers.� De l’autre la morale de l’histoire, symbolisant jusqu’à l’objectif réel des producteurs : � J’ai jamais pas gagn� �. Combien de dollars au box office ?
Résultat, pour remplir tout ce vide, il faut bien le nourrir, le grossir : de tocs, de formules chocs, de gueules chics. Et de bouffe. Ils ne font que ça : une grande bouffe pour mieux exploser, imploser, bref une indigestion de spectaculaire et de ludisme. Une manière de dire � fuck les blockbusters ? �

pour : MpM ; contre : vincy



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