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La nuit nous appartient (We Own The Night)

Sélection officielle - Compétition
USA / sortie le 21.11.2007


HEARTS OF GLASS





«- Un procès vaut toujours mieux qu’un décès.»

James Gray, cinéaste rare, nous a laissé sept années sans nouvelles depuis The Yards. Cette rareté a un prix : l’attente, le désir suscité, l’exigence du spectateur. Sans doute pour cette raison replique montres, nous ressentons comme une déception. Sept années pour écrire et réaliser un film comme La nuit nous appartient, cela paraît un peu long, démesuré. Toute la précision de James Gray, tout son perfectionnisme, est ce qui aliène la grandeur lyrique de son œuvre. Il ne parvient pas encore à doser le sentimentalisme dans une histoire Rolex replique montre, rappelant les classiques des années 70, contrairement à un Eastwood.
S’il ne manque pas d’émotion, de profondeur, d’intérêt ni même de style, l’ambition demeure freinée. Il manque de passion. L’œuvre est froide, très réfléchie, peu généreuse. Elle donne tout son sens à l’expression « elle a les défauts de ses qualités. »
La nuit nous appartient, est un scénario superbement construit. Un classicisme pur dans le genre du film noir. Premier chapitre : Joseph, le fils préféré. Deuxième chapitre : Bobby, le fil révolté. Dans les deux cas, le chapitre se clôt sur une suite en suspens. Troisième chapitre : le sacrifice du père, pour réconcilier les deux frères. Ultime chapitre : l’union sacrée, où la vengeance des fils. Une tragédie russe dans un décor américain, où la loi du sang domine les rapports humains. Même le sujet, son traitement, rappelle un cinéma US qu’on pensait disparu, où chaque extérieur ou intérieur prend son sens en se mettant au service de la narration ou d’une atmosphère.
Cette mécanique, presque trop visible pour nous impliquer, provoque un plaisir intellectuel indéniable ; doté de très bonnes séquences d’action – la poursuite fatale sous la pluie battante, le piège final, … - cette Nuit est aussi très riche en tourments psychologiques et retournements de situations. Hélas, le cinéaste a imaginé une histoire trop convenue, pour ne pas dire déjà vue, et sans aucune surprise, malgré la tension palpable. La morale policière est attendue, tout comme cette vision assez traditionnelle de la famille (celle qu’on se crée comme celle qu’on ne peut pas quitter) jusqu’à un certain happy ending qui sidère un peu. S’il n’y avait pas cette sensibilité permanente, qui nous touche sincèrement tant les acteurs savent la transmettre, le film serait même un peu binaire. Mais parce que le héros, Bobby (Joaquin Phoenix, formidable), a besoin de reconnaissance (son père comme ses pairs), parce que le film se fonde sur cette relation fraternelle passionnément amoureuse, le film nous appartient dans des séquences pleines de grâce, dénuées de fracas. D’excuses en déclarations, les scènes s’avèrent parfois poignantes. Le crime et les punitions qui en découlent ne sont qu’un prétexte pour retisser le lien entre Bobby et Joseph. Abîmés, cicatrisés, cassés, l’un et l’autre s’envient : la liberté et le pouvoir de Bobby, le talent et l’amour de Joseph. Ce qui les unit, dès qu’ils se croisent à l’écran, c’est la bande originale du film, notes de piano dramatiques aux allures de comptines enfantines. Un film sur le regret d’être passé à côté de quelqu’un, et nous, spectateur, de quelque chose.

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