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Vincent Perez
Fanfan version 52
Penelope Cruz

 

Fanfan la Tulipe

Sélection officielle - Ouverture
France


L’épée en rente douce





« - Monsieur les cocus, le bonsoir chez vous ! »

Si le mythe est une fantaisie militaire, le film est relativement lourdaud et ennuyeux. Comme le dit très justement La Franchise, «on regarde et on écoute, comme au théâtre.» Mais voilà, nous sommes au cinéma. Il est indéniable qu’en 50 ans le cinéma a changé. Ici, entre les deux versions, la mise en scène a gagné en effets, en bluff. Les séquences d’action s’allongent, se mettent au goût du jour, n’en finissent pas, au point de nous distraire du film. Quant au scénario, il a perdu ses si beaux dialogues…
Revisitée, l’histoire aurait pu être passionnante, pleines d’enjeux dramatiques, presque romanesque. Il n’en est rien. Corsini, méchant de service et novice dans l’affaire, a une place anecdotique dans l’intrigue, et rapidement caricaturale. Les rares apports sont trop souvent répétés pour pouvoir créer un comique rafraîchissant. Même le Quatuor musical est surexploité. Le reste confine au simplisme : on se fout de l’Histoire de France (on préfère se moquer d’elle), les Allemands sont encore une fois grotesques (confère Taxi), et La Houlette s’avère un pédéraste très démodé cinématographiquement. Quant aux rares traits d’esprits ils proviennent tous de la version de Christian-Jaque. Les anachronismes permettent juste de nous faire sourire, mais compensent un cruel manque d’inspiration comique. Ils facilitent aussi l’interprétation décalée et drôle de Didier Bourdon.
L’ex-Inconnu n’est pas le seul à sauver sa peau dans cette histoire. Fougerolles s’amuse en Pompadour insolente et Cruz apporte une véritable crédibilité aux sentiments du film. Que l’on regrette qu’il n’y ait pas plus de scènes entre elle et son preux chevalier. Une certaine magie se devine, leurs malentendus y prennent leur racine. Pérez n’est pas mauvais. Il prolonge son personnage déjà aiguisé dans Le Libertin. Il prend sa revanche sur Cyrano en disant de beaux mots. Il se venge du Bossu sans faillir une seule fois. Pérez ne porte pas sur ses épaules un film de la qualité de Ridicule, mais ceux qui l’aiment le suivront avec entrain.
Trop fidèle tout en prenant ses libertés, ce remake a le propos pacifiste moins subtil, la satire belliqueuse moins visible. Les étapes se succèdent et on s’interroge sur l’objectif d’un tel effort. Nous prend-on pour des cocus prêts à délier nos bourses au premier film s’inventant du panache ? Il aurait fallu bien plus de passion, d’implication. Jamais nous ne nous inquiétons. Jamais nous ne nous émerveillons. Nous ne savons pas l’avenir de son avenir, à ce film, mais le spectateur est à l’image du soldat Fanfan. Pour les beaux yeux de Penelope, il est prêt à s’engager. Rengagez-vous qu’ils disaient ! On préférait vous prévenir…

(Vincy)

Vincy



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