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Congorama

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Canada / sortie le 17.01.2007


L'EMEU QUI EMEUT QUAND ON SE MEUT





"- Les gens, ici, il aiment ça tondre le gazon?
- Fondamentalement, on n'en parle pas beaucoup.
- Je comprend, c'est un sujet tabou pour vous, le gazon.
"

Drôle de film. Diptyque étrange où la partie Belge a des airs de Dardenne et la partie Québécoise semble complètement onirique. Les premiers plans, Gourmet filmé de dos, marchant dans Liège, caméra à l'épaule, font forcément écho au Fils. Les liens ne sont pas que cinématographiques. Il y a aussi une forme de généalogie francophone où le Canada et la Belgique se ressemble tant dans ses névroses (le bilinguisme, la souveraineté, la royauté), où la Belgique et le Congo restent attachés au delà de l'histoire coloniale. Falardeau du coup s'amuse à jouer des clichés : animal exotique, un Québec pas si hospitalier, une gérante de bar africaine, ... Quelques réflexions amusantes en première partie du film nous ferait même croire à une comédie digne des aventures du Pr. Tournesol. Même l'accident pour cause d'autruche ("techniquement, c'était un émeu") sur la voie publique semble absurde.
Congorama se scinde ainsi en deux films. Une gémellité passionnante et intriguante, pas forcément aboutie, mais divertissante, où deux histoires, deux personnages, deux frères se croisent. Avec chacun leur point de vue. Le carrefour des deux histoires font percuter le passé et le présent, les erreurs de l'un et les angoisses de l'autre. L'interaction des deux hommes semblent brèves au début. Mais il y aura prolongation, grâce au flash back, au script, à l'usage pas abusif des différents angles pour un même instant. Pourtant, ce que Falardeau indique à travers une séquence furtive et dramatique où la vie tient à pas grand chose est bien qu'un court circuit entre deux êtres, un échange quelque soit sa durée tant qu'il est intense et fulgurent, permet de changer de vie, de provoquer l'étincelle.
Derrière on peut toujours gloser sur les sujets abordés (décolonisation, énergie, écologie, économie, babyboom, métissage...), ce qui éberlue le spectateur réside dans une volonté d'aller contre le principe du crescendo dans le scénario. Anti-hollywoodien en tabernacle, Congorama révèle tous ses secrets au bout d'une heure. Mais comme le récit a fourché, rien n'est gênant. ON souhaite que le Yin et le Yang se réunissent. L'émeu servira d'intersection entre les deux parties, les deux frères, les deux temps.
On peut cependant regretter que Falardeau ne fasse pas plus confiance à ses belles mécaniques de précision que sont ses comédiens. Il alourdit légèrement son propos avec ces métaphores un peu galvaudées (déficience visuelles, celui qui ne peut plus parler, le paralysé) - tant de handicaps physiques qui démontrent que les trente glorieuses nous ont amputées de certains de nos sens.
Mais ce scénario habile, en trois actes, dans la veine de Secrets et mensonges, malgré sa fin un peu inutilement énigmatique (le spectateur a tout deviné de puis longtemps), nous conduit à bonne destination : Congorama, le pays où la vie nous est chère.

vincy



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