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Avida

Sélection officielle - Hors compétition
France / sortie le 13.09.06


UN TICKET POUR LA GREVE DU RAIL





"Le train train quotidien va bientôt dérailler. Qui veut rester dedans n'a qu'à bien s'accrocher"

Intro en olé. Quand un apprenti toréador nargue un bien gentil et pépère rhinocéros dans une arène improvisée : un terrain vague, boueux, aux allures de mangrove, sans public. Juste la caméra de Délépine et l'âme de Mathieu Kassovitz (producteur du film) dans cette drôle de course à l'absurde. Le monde, décalé à souhait. La vie surréaliste comme jamais. Et en même temps, tellement proche de nous. Avida est une variation à saynètes qui, dès sa séquence d'ouverture, nous enrôle au plus délicieux De notre psyché. Celui qui nous dirait de tout envoyer balader. De vire sans complexe, de se laisser aller à notre instinct, à nos envie et coups de gueule, enfin débarrassés du regard de l'autre. A bien y réfléchir, tout le monde est toujours crétin, outrancier ou ridicule pour quelqu'un d'autre. Allons donc avec, puisque là que tient notre équilibre.

« S'accrocher », nous conseillera-t-on en chanson dans la séquence finale. « Lâcher-prise », répondrons-nous à vue de ce joyeux manifeste dont toute la vivacité tiendra justement en cette étonnante propension à jouer avec le recul du spectateur. Certes, toute chronique de l'absurde fonctionne sur le principe. Reste que ce présent riche éventail de partitions, tonalités, références culturelles et sociales mélangé au tempo et ici même au paroxysme de l'inattendu, saura nous tenir en haleine. Claude Charbol en joyeux zoophile attablé, un chien kidnappé, d'exquises déclaration d'amours magnifiant toute l'essence d'un « je t'aime - expression toujours singulière et hors du commun - une Claudine François encagée au zoo, une partie de pétanque à coup de chaises lancée. Du ring à la boucherie, du désert à la plage, de la somptueuse voix de cette chanteuse africaine à ce « I want to die » hautement symbolique, tantôt chuchoté, tantôt crié, Avida est une opulente promenade sur le banc de nos riches paradoxes. Nous, pauvres humain, embourbés, enfermés, découpés, striées, inertes comme réactif. Toute notre animalité, notre complexité, nos dédales, notre beauté aussi, au-delà de l'image et du regard d'autrui, notre propension à réagir. Que de bribes de vie tranchés à contre pied ! Surprenant, strident, subtilement filmé et découpé. On regrettera simplement que le manifeste ne soit pas riche en dialogues. Il en aurait été assurément bonifié.

Un très singulier et drôle de safari photo. Rien que nous... Humainement bêtes ? Bêtes humaines ? Bêtement humains ? Au choix. Le tour de piste est complet.

Sabrina



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