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Vol 93 (United 93) (UA 93)

Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 12.07.06


FINAL DESTINATION





«- Quatre avions. Je ne peux pas défendre la Cote Est avec ça !»

L'escale finale, c'est un bout de terre de Pennsylvanie. Le sol s'approche dangereusement. Ecran Noir. Quelques cartons pour nous expliquer la suite des événements de cette journée du 11 septembre. Et si l'on veut, il y aura le film d'Oliver Stone pour avoir, sous un autre angle, la version des faits côté World Trade Center.
Il n'y a pas d'autres issues. Pas de fin de secours. Nous sommes dans le réel. Quelques heures chrono entre le lever de soleil de ce bloody Tuesday et ce vol United Airlines qui percute la terre.
L'unique élément qui dérange est que l'on en voit pas la finalité d'un film aussi réaliste. Utilisant les mêmes (bons) effets que les (excellentes) séries télévisées américaines, maîtrisant parfaitement le sens du montage et du rythme depuis ses premiers films, Paul Greengrass ajoute peu d'ingrédients pour sortir son vol de sa trajectoire planifiée. Nulle critique, nul jugement, encore moins un point de vue politique quelconque : « just the facts ».
Il filme bien les téléphones cellulaires omniprésents, ces litres de kérosène engloutis, ces publicités flashantes, bref la futilité de notre civilisation et les constituants à son éventuel déclin. La véritable force provient pourtant des paroles, quand tous, pirates et passagers, agresseurs et victimes prient leur Dieu ou ont le même réflexe : appeler les leur et leur dire «je t'aime».
Voilà : dans ce fatras de haine irrationnelle, cette sauvagerie, ce suicide, ce désir de survivre ou de l'idée de ce qui nous survivra, le seul mot qui compte c'est « amour ». Et le fimlm ne se concentre que sur le vol qui n'a pas réussi à atteindre sa cible, où les passagers ont tenté de vouloir changer le cours de ce destin programmé. Mais on n'oublie pas le AA 11, le UA 175, le AA 77...
En permanence, le film nous maintient sous tension. Pas question de rire façon Y a-t-il un pirate dans l'avion ? Ou de faire croire à un happy end genre Die Hard ou Airport. La caméra est alerte et nous garde en alerte. Jamais notre attention n'est détournée. Dans cette averse de jargon technique, de chiffres, de visages qui forment une chaîne invisible entre des points décentralisés, Greengrass conserve le contrôle de son film, de sa chronologie, de sa géographie. Il filme l'incrédulité, l'incommunicabilité, la confusion des êtres, des faits. Les gestes anodins comme les décisions essentielles. Nous sommes tendus avec ce SOS 97. Tout va crescendo. D'ailleurs entre le décollage, le double crash sur les tours jumelles et le doute du chef du commando, le cinéaste nous fait patienter une heure avant que ce Boeing ne se transforme en huis-clos meurtrier.
Avec la mort dans la coque. Et ce film qui sert de mémoire de l'assaut. Mais sinon à quoi cela sert-il de faire un tel film sans aucune autre perspective que ce crash ?

V.



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