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La Californie

Certain Regard
France


EDEN TOC





«- On peut aller à la messe de minuit.
- bah oui c'est à quelle heure ?
- à minuit !
»

Comme un miroir aux alouettes. D'ailleurs la Californie ce n'est ni San Francisco dont on peut rêver en regardant le petit écran, ni même ce mythe à deux balles qui sert de décor à la Côte d'Azur. Quartier opulent de Cannes, il s'agit juste d'une réplique qui fait toc à ce rêve américain. Tout semble faux. Jusque dans l'image, numérique, lisse et sans profondeur, pour ne pas dire plate et trop colorée, bref sans éclat. Fieschi apprenti réalisateur, nous pourrions être indulgents puisque c'est son dépucelage. Las, le brillant scénariste échoue aussi à maîtriser ses trop nombreux sujets, les dispersant, les égarant, les assemblant sans réelle cohérence. De la Serbie regrettée à ce Paris rêvé, il ne parvient pas à tisser une histoire originale et réaliste sur cette Riviera maintes fois décriée et filmée.
Que dire de ce rôle de Reine et de sa cour, initialement imaginée pour une Deneuve, qui échu à Baye. Un couple de jeunes pédés, une vieille blonde alcoolo, deux immigrés clandestins en guise de gang de fidèles. Elle aime contrôler son monde à défaut de s'y intéresser. Parabole de la star ? Raté. Portrait cruel d'une séductrice se fanant ? Déjà vu.
A trop embrasser, Fieschi mal étreint. Il aborde la loi de l'humanité, de la vie, de l'amitié, de l'amour. Grossièrement. Dit et répété de peur qu'on n'ait pas compris. La superficialité du décor se met ainsi en abime dans celle d'un discours trop convenu, apolitique, creux. Vacuité pertinente pourrait-on croire, hélas, Fieschi nous emmène dans des chemins romantiques, tragiques, dramatiques et le film croise trop de genres pour nous convaincre d'une de ces réelles motivations.
Si les personnages s'emmerdent sec, nous aussi, anticipant d'avance les événements à venir. «- On trahit toujours les gens qui vous donnent tout.» Peut-être la clef pour décrypter les intentions d'un scénariste qui s'est mélangé les stylos. Découragé par l'amour, désillusionné par l'amitié, ce film désenchanté, parfois mal joué parce que mal écrit, brille parfois dans ses moments les plus noirs. Puisqu'on aime les gens parce qu'on les voit différemment de ce qu'ils sont, nous espérons, hélas en vain, que le script nous détruira nos préjugés.
Fataliste et fumiste, La Californie n'est jamais rien d'autre que l'histoire pathétique d'une femme qui a besoin de béquilles pour marcher. Jusqu'au jour où les béquilles se barrent. Les scènes s'enchaînent mal, le film se résigne à la médiocrité de ses personnages. C'est finalement Rasha Bukvic qui parvient à insuffler de l'émotion dans ce monde damné.
Film sur les mirages, il semble en être un lui-même, comme un reflet déformé de ce qui aurait pu être un grand polar ou une fresque sentimentale et psychanalytique. La morale étant dite d'avance, tout cela finira mièvrement.

V.



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