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Quand j'étais chanteur

Sélection officielle - Compétition
France / sortie le 13.09.06


CHACUN POUR SOI EST REPARTI…





"Va danser dans les bras de ceux qui t’emmènent au loin !".

Corps en mouvements, âmes patientes. Un histoire de mots, rimes, sentiments et valeurs chantés.
Humain, tendre, touchant. Voilà longtemps que nous n’avions pas vu Gérard Depardieu si grandiose à l’écran, l’âme belle - vraiment belle - tant sereine que troublée puise-t-elle être. Autant dire que l’acteur fera pareillement grandir Cécile de France, devenue femme responsable et jeune maman détentrice d’un secret (qui l’empêchera d’élever son fils). En avant la symbiose ! En conférence de presse, Xavier Giannoli reconnaîtra que Depardieu est de ses acteurs fait pour inspirer auteurs et cinéastes, pour les hisser vers le haut (et non le contraire comme nombre de réalisateurs se plaisent trop souvent à dire). Plus que jamais nous le suivont près de deux heures durant. Son final nous envahira d’émotion. Pas moins. Standing ovation cette matinale projection, jusqu’à tempo du générique final battu en applaudissements. Sachez que le fait est rarissime en séance de presse, même à Cannes. C’est dire tout l'enthousiasme communicatif de ce dernier Xavier Giannoli. Le théâtre Lumière avait déjà vibré au rythme ses belles et authentiques émotions : on se souvient de ses larmes au soir du Palmarès cannois 1998, alors qu’il recevait la Palme d’or du court métrage pour son épatante Interview. Aujourd’hui, avouons que l’on embrassera davantage son duo de comédiens que son histoire ou sa mise en scène en elles-même.

Une aventure simple et débordante de dignité. L’image apparaît presque trop faible. Des mots chantés, des mots tus : rien que notre vie, ces airs qui ont forcément bercé nos propres émois, de l’amour naissant au rire, que l’on aime ou pas ses chansons dites ringuardes. A chacun son histoire, à chacun ses penchants. Les faits sont pourtant bien là : Quand j’étais chanteur est une tendre histoire de France. Un film subtil, étonamment réaliste, voire universel, sans pathos ni funky nostalgie. Le pays de ces « 14 millions de célibataires à faire danser ». Archétypes du chanteur de bal populaire ? Assurément pas. L’aventure nous conduira en revanche sur tout ce qui rend ces chanteurs humains, loin de star system et de l’hystérie collective. Que d’intimes dialogues, ces regards, ces partages avec le public… Un regard, un clin d’œil, un sourire, un geste tendre… Le chanteur de bal deviendra celui qui rassure, qui fait vibrer celles et ceux venues parce que simplement demandeur de bien être. Ne vouloir qu’être heureux : fait rarissime, hélas, dans notre bas monde qui se complait à ne pointer que les faces négatives d’autrui. On ne peut plus ancré dans le réel. Bienvenus à « L’Aquarius », cette boite de nuit pour quadras célibataires et plus qui, sachez-le, existe vraiment en Auvergne. Affinités, instants de partages, amitiés, amours... Un lumineux aquarium de découverte et rencontres ; la seconde maison de notre héros qui, éclosion oblige, évoluera peu à peu aux antipodes tout en poursuivant cette même quête au plus haut étage des nobles valeurs. Quelques appartements vacants à visiter/faire visiter. Que de murs blancs, purs et espaces vierges ou dialoguer, se disputer. Quoi qu’il en soit, échanger. Reste qu’on peinera à saisir la matière même de ce couple prématurément clivé. Ce en quoi justement tient cette attraction qui fait courir nos deux personnages. L’on saura d’avance que si le couple se sépare, il n’y aura jamais de rupture parce qu’Alain et Marion évolueront ici toujours ensemble, parce qu’ils ne s’oublieront jamais et continueront – on l’espère d’ailleurs - de composer avec la présence de l’autre. Ce sera tout l’enjeu du film. Reprendre les rennes, dépasser ses peurs, avancer via ces fatales leçons du quotidien, qu’elles soient exaltantes ou douloureuses. On regrettera que Giannoli soit ici un brin trop consensuel, surtout après ses poignants Corps impatients et sa retentissante Aventure. Disons que l’on connaissait le cinéaste bien plus passionné. Reste que l’acte sera ici tout aussi noble (simplement moins enivré) : dès ouverture, on entrera dans ce vivarium des sentiments intérieurs. En l’occurrence - et on l’aura compris - tout sauf manifestes. Que d’élans cristallins ! Sublimes, arrêtés, figés dans leurs propres mouvements… Gare à ces immanquables doubles tranchants ! Heureusement, Gérard Depardieu comme Cécile De France, en solo comme en duo, de l’humour, de ces exquis décalages (on adorera cette petite chèvre de compagnie elle aussi d’ailleurs inspirée de faits réels) au profond émoi, en passant par ces instants on l’on craque, les deux comédiens viendront toujours réactiver nos faveurs. Un film dont on sent à chaque seconde tout le plaisir avec lequel il a été édifié. Seulement trop creux, bien trop lisse, notamment dans sa première partie, pour nous porter à engouement. Reste cette somptueuse musicalité (au sens large du terme), cette toute particulière aisance de ton et style vient toujours plus agréablement nous faire découvrir le riche univers de Xavier Giannoli. Allons, notons, marquons ce nouveau tempos. Il y forcément quelque chose à en faire…

Sabrina



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