39-98 | 99 | 00 | 01 | 02 | 03 | 04 | 05 | 06 | 07 | 08 | 09 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19


 
 
Choix du public :  
 
Nombre de votes : 10
 












 
Partager    twitter



festival-cannes.com
Site officiel

 

Chromophobia (Chromophobia)

Sélection officielle - Fermeture
Grande-Bretagne / sortie le 10.05.06


ET VOGUE LA DECA-DANSE !





"C'est très excitant en ce moment, parce que je commence à trouver mon vrai moi."

Que de chic et d’entrechocs ! Une histoire de vices et vertus en échos, de l'abondance au déclin. Chromophobia propulse la bonne société londonienne au pied du mur jusqu'à désintégration, intention avouée de Martha Fiennes. Hommage à la féminité. La réalisatrice signe un film choral concrètement dopé par son casting. Venez vibrer avec cette jolie call girl, à la ville jeune mère dont les jours sont comptés (Penelope Cruz), mais aussi avec cette volontaire quadra moderne en chute libre (Kristin Scott-Thomas), ou encore ou temple des comportements primitifs - ici principalement masculins - et de leurs réverbérations. L’on aura compris que Chromophobia est un patchwork psycho-sociologique. Entièrement réaliste, bien filmé, joliment interprété, mais, à notre grand dam, quelque convenu. Prisonniers de ses propres objets, le film n'accordera aucun espace de respiration à ses personnages et, ainsi même, à nous spectateur.

L'ouverture sera stridente ; la chute maladroitement hollywoodienne. Martha Fiennes dépeint un monde exagérément noirci. Portrait de la vie bourgeoise en mégalopole : cap sur l'individualisme, la superficialité et la cupidité… La réalisatrice s’en tiendra à ironiser via la surenchère, animant, scindant et décortiquant ses objets avec rare virulence. Assurément trop, au final. Ultra découpée, la première moitié du film s'étiole aux travers de son propre rythme. Personnages furtifs, intrigues décousues : une certaine apologie du chaos, renchérie par une mise en scène indubitablement survoltée. Définitivement, Martha Fiennes compose ici dans l'excès. Conséquences : force est de constater que son langage, bien que non dénué de panache, se révèle assurément vain. Ses ambiances, mouvements, lumières et décors resteront éclatants. Que de flashs ; mais après ? A l’instar de son propos, textuel et étroitement paradigmatique. Fond et formes américanisés unifieront un temps le récit avant de faire éclater ses propres limites, le découpage ultra saccadé n'induisant ici aucune touche de proximité. On est résolument loin d'un Paul Thomas Anderson, cinéaste phare de la réalisatrice. Trop distancé, Chromophobia, se débat laborieusement entre comédie dramatique, satire sociale et mélodrame. Curieux mélange ! Martha Fiennes aura choisi d’engloutir ses personnages jusqu'à point de non-retour, au risque de faire couler son film dans un démentiel entonnoir de démesures, bien logique alternative avec tels soubassements. A chaque mal son remède : la cinéaste aura tout misé sur ses interprètes féminines, ô combien idéalisées, assaisonnant sa fresque avec la prestance et fluidité de jeu de Ben Chaplin, Ralph Fiennes et Rhys Ifans qui, tant que faire se peut, viendront sauver la mise. Hélas, cela ne suffira pas. Déjà excessivement long Chromophobia peinera à nous convaincre. Un vivier de bonnes idées, tantôt métalliques, tantôt veloutées ; toutefois maladroitement exploitées. On appréhendait cette histoire de phobies chromatiques de façon bien plus imagée. Attendons les prochaines floraisons.

Sabrina



(c) ECRAN NOIR 1996-2024