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Keuk Jang Jeon (Conte de cinéma)

Sélection officielle - Compétition



L'ACTRICE EST L'AVENIR DE LA FEMME





"- Je crois que vous avez mal compris la fin du film."

Il faut revoir le film pour comprendre que son premier tiers n'est pas raté par hasard. Sûr de son effet, Hong Sangsoo, nous laisse donc perplexe avec un film en deux parties, dont la première n'est justifiable qu'en voyant la seconde. De là, dans son style rohmerien, le réalisateur sud coréen réalise une oeuvre légère et amère, fidèle à son habitude. L'abus de zoom et de la focale nuisant souvent à la fluidité de l'image, on se contentera de dire qu'il a peut-être un peu bâclé son sixième long métrage.
Pour preuve, ces scènes qui se répètent avec ses précédents films : beuverie en face à face ou en groupe, sexe dans les hôtels,... Le cinéma de Sangsoo ne parvient pas à s'extraire de ses récurrences. Ses jeunes sont toujours aussi dépressifs, mal à l'aise avec leur mal être, et piégés par des sentiments qui les dépassent. Toujours embarrassés, ces timides, génération broyée et précarisée, ne savent pas construire une relation. De maladresses en gestes simples, ils tentent des approches souvent vaines. Dans un constat lucide et désillusionné, pour ne pas dire inconsolable, le cinéaste filme non pas l'instant présent mais celui d'après, quand il est déjà trop tard, quand ce n'est plus comme avant... Touchant, nécessairement.
Les histoires d'amour finssent souvent mal chez Sangsoo, celle-ci ne faisant pas exception, même si les tourtereaux sont beaux et se plaisent. "Un amour trop profond connaît une triste fin." Ce Conte de cinéma (comme il y a des Contes moraux ou de saison) n'est pas joyeux. La mort y rode en permanence. Le mensonge aussi. La vérité fâche. "Les mensonges si bien dits que lorsqu'on les entend, on sent gêné." Car nous savons la vérité, car nous savons, du coup, que l'autre saura nous mentir... La mort, elle, ne triche pas. A ces insouciants qui ne savent que jouer, le réalisateur répond que l'on ne plaisante pas avec la vie. Vie qui se révèle dans d'infimes détails : la douleur, l'odeur du café, les cheveux qui sèchent, l'envie d'une Marlboro, la neige qui tombe... la jouissance ne passe que par des petits bonheurs. Et lorsque la souffrance l'emporte, les corps sont prostrés, pliés, tordus, en position foetale...
Tendresse et joliesse font ainsi bon ménage et rendent la vie / le film plus supportable. Au milieu de ce désespoir, dans l'incapacité de baiser, la survie passe par l'ivresse. L'inutilité de chacun semble un poids que les parents ne saisissent pas... Hong Sangsoo se fiche des vieux. Il les évacue avec une scène grossière et sans subtilité.Il est plus à l'aise avec les groupes de jeunes incarnés par des comédiens convaincants. En les plongeant une fois de plus dans l'univers du cinéma, il ne sort pas de son propre cocon (et son regard en devient nombriliste) mais au moins il s'amuse à griffer un peu ("Ne dédaignez par les séries"). Il observe les comportements autodestructeurs de jeunes qui aiment trop le passé et trop l'alcool. Et tandis que l'actrice dit qu'elle est une femme comme les autres, on comprend alors la folie qu'il y aurait pu avoir dans une oeuvre plus proche d'un Turning Gate que de La femme est l'avenir de l'homme. Un creux dans le scénario, une absence de prise de risque le confirme dans sa position d'auteur mais le conforte aussi dans sa paresse...
Sangsoo cherche une voie entre ce qu'il observe et ce qui le touche. le charme est là. Les allures de déjà vu lassent, hélas.

vincy



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