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Les invisibles (Les invisibles)

Semaine critique - Séances spéciales
France / projeté le 12.05.05 / sortie le 15.06.05


SONO OBSESSIONS





"Je préfère t'imaginer !"

Invisibles mais pas moins sensuels. Variations sur le fantasme et le désir pour une stimulation grand écran de nos cinq sens. Pour son premier long métrage, Thierry Jousse réalise une toile immanquablement sensitive. Apologie de la sexualité suggestive. Le réalisateur va droit au but, n'hésitant pas à user de procédés expérimentaux, tant au niveau de la narration que de l'esthétique. Abstraction des visuels, mixage cacophonique : ici même Jousse nous invite au chevet de scènes de lit à imaginer. Un homme, preneur de son sur un réseau de rencontres téléphoniques ; une voix féminine, voluptueuse et sensuelle : "Lisa appelle". Rendez-vous dans une chambre d'hôtel pour de fougueux et récurrents ébats dans l'obscurité totale. Soupirs, gémissement, chuchotements, confidences : Bruno ne connaîtra jamais le visage de sa douce ensorceleuse, dont il enregistre les murmures à chaque rencontre. Thierry Jousse reprend de cet usuel procédé du "spectateur-acteur" pour faire évoluer son récit, invitant au voyeurisme et à l'anticipation : imaginez les séquences les plus brûlantes de 9 semaines½ sous un mode exclusivement sonore ; pour le reste un volubile jeu sur les textures, couleurs et lumières. Embrasement garanti ! Hélas, la suite nous fera rapidement déchanter, le réalisateur s'en tenant à faire vibrer ses personnages par de seules et fâcheuses tendances à l'autodestruction. Rien de vibratoire aux travers de cette spirale, en définitive assez conventionnelle, les conversions (et reconversions de but en blanc) subies par chaque protagoniste ne venant naturellement pas aider. Laurent Lucas suit étonnamment bien la cadence. La douce et chaude Lisa (Margot Abascal) disparue, place au vide. Un vide logique, concrètement attendu, qui restera immuable pour un clash final lourd en pathos.

Que de déception au regard de cette aventure justement centrée sur l’imaginaire. Thierry Jousse se rattrape en mettant les voiles sur une ambiance curieusement tendue, déployant maintes intrigues secondaires, propulsant son film du thriller au psychodrame - et vice-versa. Esthétique et rythme ne suivent déjà plus. Le cinéaste visait à développer une romance sublimée par son décor musical. A ce titre et pour solde de tous comptes, il faudra nous contenter d'une aventure toute basique assortie d’un bruyant mélange de musique électro façon Depeche Mode, metal rock limite ACDC, illustré de paroles étroitement collées au légendaire « Je t’aime, moi non plus » du couple Gainsbourg/Birkin. Erotique mais plutôt fade. A la productrice campée par une Lio très lisse d’inciter notre héros à continuer sur son élan créatif : derniers mots, cut final d’un film entièrement dissout par sa propre effervescence. On déchante après pics de températures.

Sabrina



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