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The Moab Story / The Tulse Luper Suitcases - Part1

Sélection officielle - Compétition
Royaume Uni


Luper Cut





«- Ca, ça ne se met pas dans une valise (après un bisou sur le cul)»

Film concept. Comme Von Trier il utilise le studio de tournage comme décor artificiel d’une action résumant l’enfance de son héros dans une ville légo. Comme Deplechin, il exploite le processus d’auditions (ici volontairement mises en scène) pour présenter les personnages. En fait, Greenaway nous a inventé le film-cédérom. Sans l’interactivité. Si l’on met du temps à comprendre le principe narratif de ce film au récit morcelé et à l’image multipliée, on se lasse aussi vite de ce systématisme répétitif et interminable. Premier chapitre d’une trilogie, il comprend 3 des 16 épisodes de la vie de Tulse Luper, personnage insolite, fictif, et sorte de double identifiant la folie du réalisateur.
L’expérimentation du cinéaste n’est pas rébarbative. Mais sa longueur, ses cassures de rythme, ses effets trop souvent réutilisés nous fait régulièrement déraillé du cheminement de l’œuvre. Car un film, contrairement à un cédérom, est une prison (comme celles que visitent Luper) où le spectateur doit être captif du début à la fin. A trop pluraliser son discours et ses points de vue, Greenaway nous perd ou nous lasse, selon. Il est sauvé par deux éléments qui illustrent parfaitement l’essence même du projet. Ces deux éléments « chimiques » définissent l’aspect insolite de l’œuvre. Tout d’abord, Tulse Luper, personnage à la vie fascinante car totalement inventée. On rêverait d’une dimension plus démente à ce doux déjanté. Ensuite, la recherche esthétique, propre au multimédia, utilisant l’infographisme et la création web. La caméra utilise l’écran comme si elle se mutait en souris, cliquant à chaque fois sur la zone qui l’intéresse.
Cela donne à cette fiction un aspect documentaire, et même encyclopédique, une sorte de bibliothèque d’images et de données résumant l’histoire d’un siècle. A cela le réalisateur reprend ses grandes thématiques visuelles : le naturalisme, la nudité, l’absurde (jusqu’au scénario qui défile à l’écran alors que les acteurs jouent la scène). Il ne permet pas plusieurs degrés de lecture, il les impose et nous enseveli sous le déluge d’information.
Tulse Luper manque d’émotions, sauf dans les rares séquences quasiment linéaires, mais offre une véritable réflexion sur la création actuelle : sa démultiplication comme sa compilation. Le film est un remix.
Tous les épisodes ne sont pas égaux. Moab s’étire alors qu’Anvers est surchargé. La démarche est passionnante, mais le désir se noie dans cette orgie interminable et foisonnante. Il n’en reste alors qu’un plaisir cérébral. Techniquement presque parfait.

(Vincy)

Vincy



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