Production: Office Kitano, Lumen Fims, E-Pictures
Réalisation: Jia Zhang-Ke
Scénario: Jia Zhang-ke
Montage: Chow Keung
Photo: Yu Lik Wai
Musique: du bruit...
Durée: 113 mn
Zhao Tao : Qiao Qiao
Zhao Wei Wei : Bin Bin
Wu Qiong : Xiao Ji
Zhou Qing Feng : Yuan Yuan
Festivalcannes.org
 
 

Ren Xiao Tao (Plaisirs Inconnus)

Chine / 2002 / Sortie en salle n.c.
Sélection Officielle / Présenté le : 23.05.02

Dans le nord de la Chine, Xiao Ji et Bin Bin se laissent vivre, chômeurs, sans espoirs pour leur avenir. Ils croisent la piètre danseuse mais jolie jeune fille Qiao Qiao. Xiao Ji en tombe amoureux. Bin Bin tente de sauver son histoire avec une étudiante qui devrait partir étudier à Pékin. Il pense s'enrôler dans l'Armée.
Tout ne se passe bien dans le monde. Mais ici non plus. Le manque d'argent les conduit à imaginer une stupide affaire.

Jia Zhang-ke devait être l'une des révélations de ce Festival, un nouveau visage et un de ces jeunes talents sur lequel les Festivals misent beaucoup. A 32 ans, cet ancien étudiant des Beaux Arts est considéré comme un jeune prodige : auteur publié à 21 ans (un roman intitulé The Sun Hung on The Crotch), il fonde le Youth experimental Film Group en 95, avec qui il tourne ses deux premiers films en format vidéo. Diplômé de l'Académie du Film à 27 ans, il enchaîne avec son premier long métrage en 16 MM, Xiao Wu, Artisan pickpocket, primé au Forum du Festival de Berlin, mais aussi à Nantes, San Francisco, Rimini, Vancouver...
C'est surtout Platform, en 2000, qui lui permet de se faire connaître. Ce film qui parle d'une génération antérieure à Plaisirs Inconnus obtient des prix à Venise, à Nantes, Singapour et Buenos Aires. La critique française s'emballe mais pas le public (seulement 20 000 entrées).
Produit en dehors du système étatique, en indépendant, il évite ainsi la censure. Ce scénario aux multiples références (en culture chinoise) a été tourné en vidéo numérique à Datong.

 

SACQUER JIA

"- Je te ferais fondre comme des pâtes fraiches."

Jia (Zhang_Ke), jeune espoir du cinéma chinois, apparaissait comme la promesse de ce Festival. Ses portraits de la jeunesse de son pays pouvaient nous procurer un goût d'exotisme et nous emmener vers des horizons nouveaux.
Las, Plaisirs Inconnus nous laisse secs et nous ensommeille. L'ennui se répand rapidement. Le film, techniquement, n'est pas aidé. La lumière trop crue, trop fade se colle à un son épouvantable. Les comédiens ne semblent pas dirigés. Le scénario se perd dans les méandres lascifs de non-événements ponctués de silences profonds.
La prétention de ce film provient surtout d'un soi-disant discours politique et d'une propension complaisante à la citation (musique d'In the mood for love) et l'autocitation (Platform). Ce docu-fiction ou ce film-réalité (un genre très à la mode) essaie de traduire en images une fracture sociale avec une absence totale d'imagination au service d'une narration aléatoire. Le film échoue car il contourne tous les sujets importants, se contenant de montrer. Par exemple, le SIDA, pourtant si présent en Chine, se voit remplacer par une hépatite. Cela illustre parfaitement les limites de ce film pudibond, chaste et stérile.
Les personnages désoeuvrés mouvent dans de lents et longs plans. Avec un "no future" évident dans ce paysages de mines, de roches et de centrales nucléaires, ces laissés pour compte dépensent leur temps en boîte de nuit, alcools, clopes et TV. Ils fantasment sur le pays du fric (les USA) et observent l'invasion de la mondialisation (OMC, JO, autoroute...) dans une Chine malade (terrorisme, secte, loteries...) qui ne comprend plus rien.
Cette torpeur insupportable de vacuité, ces désirs insatisfaits rappellent évidemment Millenium Mambo; le soutif de Shu Qi change de seins pour être porté par Zhao Tao. La télévision enferme les rêves inapprochables. Zhang-Ke nous achève avec des mots et des gestes qui se répètent machinalement. Comme il y a des disques rayés, désormais il y a des films rabâchés. A rayer de sa liste.

  (C)Ecran Noir 1996-2002