- Portrait de Sokourov
 - Lénine sur le Net
 

(C) 96-01 Ecran Noir

Taurus
Russie
Sélection officielle (en compétition)
Projection: 17 Mai 2001
Sortie en salle : n.c.

Réalisation: Alexandre Sokourov
Production: Lenfilm
Scénario: Youri Arabov
Photo: Alexandre Sokourov
Montage: Leda Semyonova
Musique: Andrei Sigle
Durée: 90 mn
Leonid Mozgovoi (Le malade, le Leader)
Serguei Razhouk (L'hôte)
Natalia Nikoulenko (la soeur)
Lev Yeliseyev
Nikolaï Oustinov
 
Lénine a bouleversé le monde, changé le cours de l'histoire; il se meurt dans une maison mise à sa disposition, entouré des siens et d'étrangers. Il s'éteint, physiquement et intellectuellement. Examen de conscience.
 
 
Sokourov s'était fait remarqué avec un prix du scénario pour Moloch à Cannes. Moloch suivait la vie amoureuse d'Hitler. Ici il s'attaque aux derniers mois de Lénine. La Russie en 1922 est ravagée, ruinée, et la famine fait des millions de morts. Le révolutionnaire Lénine voit sa santé déclminer; un triumvirat formé de Staline, Zinoviev et Kamenev l'isole et dirige le pays. Lénine meurt en 1923.
Taurus (Telets en russe)doit son titre à sa racine : le mot signifie jeune veau, taureau, mais plus loin dans le temps c'est aussi synonime de poids, de souffrance, de douler. Le Taureau est l'image du monstre et de la victime, d'un puissant et d'un solitaire, comme le Minotaure, coupé du monde. Cela prend tout son sens avec un lénine isolé par le parti.
Sokourov a réalisé 12 films et 25 documentaires. Il va d'ailleurs en co-réalisé un avec Scorsese sur le Musée de l'Hermitage à Saint Petersburg. Son prochain film portera certainement sur un dirigeant chinois, et complètera la tétralogie amorcée avec Moloch sur les hommes de pouvoir du XXème siècle.
 
LA REPETITION

"Les crétins de prolétaires se battront avec les salauds de bourgeois."

Bis repetitae. L'histoire se répète, à Cannes comme ailleurs. 3 ans après Moloch, Sokourov revient avec Taurus. Lénine succède à Hitler et s'offre Staline en Guest star.
On pourra donc de nouveau admirer le brouillard des paysages, l'image volontairement flouée, ce bleuté mélangé au gris vert. Là encore un lieu unique, un huis clos isolé en plein air. Là toujours un personnage politique célèbre. La "chasse" (un repos sur l'herbe) se substitue au pique nique dans la montagne. Taurus est l'exacte réplique de Moloch. En mieux rythmé.
La mise en scène se rapproche du théâtre; une pièce de Gogol sans humour, un drame surréaliste, jouant de ses personnages devenus des guignols trop sérieux. Ces derniers jours de Lénine agissent comme un reflet de l'histoire de la Russie communiste. Il se paralyse comme son pays. L'ensemble est évidemment abstrait : on peut croire qu'il s'agit, par delà les nuages et les peupliers, de la faillite d'un système; on y soigne les détails individualistes et on masquent les misères d'un système.
Dans une sélection axée sur l'acologie et la mort, les vieillards et les relations familiales, Taurus apparaît de trop. Trop auteuriste. Trop austère. Trop caricatural d'un certain cinéma. OOn avait subit Moloch. On s'épargnera Taurus. Malgré la cohérence artistique, l'ambition cinématographique, on se retrouve confronter à un objet de non-désir. Insoutenable.

Vincy-