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(C) 96-01 Ecran Noir

No Man's Land
Bosnie / Belgique
Sélection officielle (en compétition)
Projection: 12 Mai 2001
Sortie en salle : n.c.

Réalisation: Danis Tanovic
Production: Noe, Fabrica
Scénario: Danis Tanovic
Photo: Walter Vanden Ende
Montage: Franceca Calvelli
Musique: Danis Tanovic
Durée: 98 mn
Branko Djuric (Ciki)
Rene Bitorajac (Nino)
Filip Sovagovic (Cera)
Katrin Cartlidge (Jane Livingstone)
George Siatidis (Sergent Marchand)
 
Le brouillard tombe sur une relève bosniaque devant atteindre leur camp. Quand le jour se lève, ils s'apperçoivent qu'ils sont à deux pas des lignes ennemies. Leur fuite est inutile. Les serbes les tirent comme des pigeons.
Apparemment, un seul s'en sort et se réfugie dans la tranchée du milieu.
Les serbes décident d'envoyer une patrouille de reconnaissance pour vérifier si tous sont morts.
Le bosniaque, Ciki, tire à vue et tue l'un d'eux. Il se retrouve face à face avec le jeune Nino.
 
 
Un film en 4 langues : le bosniaque et le serbe (la même langue en fait), l'anglais, le français et un peu d'allemand. Un eproduction qui regroupe la France, l'Italie, le Royaume Uni, la Slovénie. Le réalisateur bosniaque (une première en Compétition Officielle) qui a fait ses études de cinéma en Belgique. Assurément, et vu le sujet, le film est européen. Le casting augmente cette impression. Branco Djuric est né à Sarajevo (on l' a vu notamment dans Gypsy Karavan de Kusturica), Rene Bitorajac est un célèbre comédien de théâtre de Zagreb, George Siatidis est français (Un héros très discret, Train de vie), Karin Cartlidge est britannique et habituée à la Croisette (Claire Dolan, Breaking the Waves mais aussi Before the rain, Naked), Simon Callow était le gay enterré de 4 weddings and a funeral et le censeur de Shakespeare in Love...
Tanovic a réussi non seulement l'exploit de faire monter les marches à la Bosnie, mais en plus il s'agit du seul premier film avec Shrek, en Coméptition Officielle et concourrant pour la Caméra d'Or. Il avait déjà été remarqué pour ses documentaires. Il a aussi été responsable des archives du film de l'armée bosniaque.
 
ZONE FRANCHE

"C'est un de ces bordels au Rwanda!"

Certainement l'un des coups de coeur et l'une des surprises du Festival. No Man's Land est à la fois joyeux et réel, remuant et divertissant, politique et humain. La folie qui se dégage du film provient surtout de l'absurdité d'un conflit où tous les enjeux s'entremêlent. Sans jamais juger ou désigner des coupables, Tanovic pointe sa caméra d'ancien documentariste là où ça fait mal.
La photo est soignée, le scénario très bien ficelé, et les dialogues percutent pile poli, avec un humour inattendu. No Man's Land est une de ses oeuvres sorties d'ailleurs et qui fonctionnent quelque soit l'écran, cinéma ou télévision. En faisant monter crescendo l'intérêt pour ce bout de tranchée où trois hommes se débattent pour survivre malgré leur haine, avec d'abord la FORPRONU puis les médias, il permet au film de ne jamais ralentir un rythme soutenu et vivifiant, s'octroyant quelques moments de cynisme (l'ONU en général) ou d'hommage (Mitterrand à Sarajevo). La force surtout, sans révéler la fin, est qu'il ne tombe pas dans la facilité; sans montrer l'horreur, mais en exhibant le surréalisme de ce conflit, Tanovic parvient à travers une comédie "monthypythonesque" à nous remémorer cette guerre civile et fraternelle, où les riches pays semblaient impuissants. Jamais il ne fait de concession, aucun de ses personnages ne change le cours du monde. Tanovic en fait réalise un sujet universel, faisant un clin d'oeil aux massacres du Rwanda par un Bosniaque lisant le journal, et faisant écho à l'actualité israelo-palestinienne.
La fraternité semble impossible. Le savoir et l'information ne peuvent rien. Le terrain est miné jusqu'au bout. Dans le sang. Il y a bien Nino qui essaye d'être courtois. Il y a bien le Sergent qui veut agir. Mais finalement, No Man's Land finit là où il avait commencer : dans un cimetière à ciel ouvert.
Tanovic a eu sa victoire : faire rire le public tout en lui faisant dire "c'est si vrai". Le Festival rend un hommage au réalisateur de La Grande Vadrouille cette année. Avouons que No Man's Land est bien meilleur...

Vincy-