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 - Ferrara, The man: Who cares?
 

(C) 96-01 Ecran Noir

Christmas
USA
Ouverture sélection Un certain regard
Sortie en salle : 26 décembre 2001

Production : Studio Canal / Pierre Kalfon
Réalisateur : Abel Ferrara (New Rose Hotel)
Scénario : Scott Prado & Abel Ferrara
Montage : Bill Pankow, Suzanne Pillsbury, Patricia Bowers
Photo : Ken Kelsch
Son : Jeff Pullman
Décors : Frank De Curtis
Musique : Schooly D
Durée : 1h30
Drea De Matteo : La femme
Lillo Brancato Jr : Le mari
Ice T : Le kidnapper
Victor Argo : Louie
 
Entre la confection du sachet de coke et la course aux jouets, un couple de dealers mariés se montre très affairé durant la période de fin d'année. Hélas, le mari tombe dans un traquenard et son épouse entreprend de racler les fonds de tiroir pour réunir la rançon demandée.
 
 
Quatre ans de travail pour l'écriture, trois pour que la production puisse monter le projet, un mois de tournage pour coucher le film sur pellicule.
Abel Ferrara s'est entouré de nouveaux collaborateurs à tous les stades de ce film. Il exprime ainsi une envie de travailler autrement, de se renouveler. Il donnerait une suite à un de ses films majeurs, ou plus exactement une préquelle au Roi de New York dont le rôle titre était tenu pat Christopher Walken.
Tourné en plein été, l'équipe a eu toutes les peines du monde a dissimuler l'excès de verdure de la ville de New York pour signifier la période de Noël. Pour peu que vous soyiez fan des Sopranos, vous connaissez obligatoirement Drea De Matteo qui incarne la somptueuse Adriana, fiancée du jeune mafiosi Christopher Moltisanti.
Grande figure du rap américain revendicatif, leader du groupe metal Body Count qui défraya la chronique avec son titre explicite Cop killer, Ice T s'est aussi essayé, tout comme son compère Ice Cube, au cinéma avec une préférence pour les rôles musclés. On a pu le remarquer dans New Jack city et le voir plus récemment dans 3000 miles to Graceland.
 
POUDREUSE GLISSANTE

Message aux parents égarés, malgré son titre évocateur et sa sortie fort à propos, le nouveau Ferrara n'en est pas pour autant une nouvelle déclinaison cinématographique traditionnelle destinée à distraire les plus jeunes.
Le message passé, on se demandera ce que le plus déglingué des réalisateurs new yorkais peut bien avoir à dire sur la plus conformiste des célébrations annuelles, même si on connaît l'étrange relation que le réalisateur italo américain noue avec le catholicisme, ne serait ce qu'au travers de Bad lieutnant.
Pas de souffre hélas dans cette nouvelle œuvre de Ferrara. Le réalisateur semble un peu largué ces derniers temps, nous livrant des films plus ou moins aboutis bien que marqués d'une certaine volonté d'expérimentation. New Rose Hôtel était déjà à ce titre un exercice de style qui ne parvenait pas à trouver de véritable profondeur. Pour Christmas, Ferrara semble vouloir revenir à beaucoup plus de simplicité en filmant au plus près le quotidien avec des moyens légers. Il n'abandonne pas pour autant ses thèmes fétiches, les frontières transparentes entre le bien et le mal, la rédemption. Mais on dénote comme un manque de convictions cette fois ci. Pas franchement séduit par la nouvelle politique de nettoyage de la mairie de New York, Ferrara a tenu à situer l'action de son film au début des années 90, la belle époque à laquelle, selon lui, un beau bordel régnait dans les rues de la grosse pomme et où l'on pouvait faire son shopping en produits illicites dans la plus grande quiétude. Nostalgique donc. Maladroit aussi. On n'évitera pas toujours le ridicule dans les situations exposées. Echouant à nous captiver par l'ambiguité de ce couple dealant avec une bonne conscience relative et prenant soin de sauver les apparences, le metteur en scène filme la banalité du cadre familial avec une platitude assez consternante. Attardant de façon hasardeuse ses plans sur des petits enfants, à la recherche d'une innocence hypothétique, Ferrara est totalement noyé dans ses véritables motivations.
Habitué à faire évoluer ses personnages sur le fil du rasoir, Ferrara n'arrive pas ici à nous intéresser à ses protagonistes. Ceux ci restent anonymes et de toute façon sans grand attrait dans le cadre d'un fait divers hivernal qui ne mène pas très loin. On ne remettra pas en cause les acteurs qui se donnent, comme c'est souvent le cas pour le casting ,totalement dévoué au réalisateur. Le projet est simplement anecdotique.

Film parenthèse dans une filmographie qui semble s'installer dans la transition, Ferrara cherche sans se soucier de la rigueur. Malheureusement il semble cruellement manquer de matière première dans ses propos pour mener à bien ses travaux pratiques avec inspiration. Ce noël ne laissera donc pas le souvenir d'une fête réussie. Attendons le retour des beaux jours…

PETSSSsss-