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   spécial Cannes
 
 
 
Production : Shochiko Co, LTD
Réalisateur : Nagisa Oshima
Scénario : Nagisa Oshima
Photo : Yoshinobu Nishioka
Musique : Ryuchi Sakamoto
Montage : Tomoyo Oshima
Durée : 95 minutes

Interprétation:
Takeshi « Beat » Kitano (Toshizo Hijikata)
Ryuhei Matsuada (Sozaburo Kano)
Shinji Takeda (Soiji Okitta)
Tadanabu Asano (Hyozo Tashiro)

*** Liens : ***
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  Tabou
2000 / Japon / Compétition Officielle / Présenté le 16 mai / Sortie France le 17 mai 2000
 
Kyoto Printemps 1865.
Le commandant de la milice Isami Kondo et le capitaine Toshizo Hijikata recrutent de jeunes guerriers. Ceux-ci sont confrontés au plus fin combattant de la milice, Soji Okita. Deux hommes sont sélectionnés, le samouraï Hyozo Tashiro et Sozaburo Kano. La beauté de ce dernier provoque bien des convoitises. Les meurtres au sein de la milice se multiplent. Leur principale raison commune : la passion amoureuse.
 
 
Nagisa Oshima est l’un des plus grand metteur en scène japonais du cinéma contemporain. Né le 31 mars 1932, à Kyoto, l’ancienne capitale du Japon, il préfère abandonner le droit pour se consacrer au cinéma. Il travaille alors pour Hideo Oba puis réalise son premier film Contes Cruels De La Jeunesse, film devenu culte sur la jeunesse japonaise confronté au poids des traditions.
Il n’aura de cesse pendant toute sa carrière de provoquer le trouble. Avec L’Empire des Sens en 1976, il filme pour la première fois dans un film grand public des scènes d’amour non simulé. Pour son film suivant, L’Empire de La Passion, il a obtenu le prix de la Mise en Scne à Cannes en 1979. Son dernier film avant celui-ci date de 1986, l’amour entre une femme, Charlotte Rampling et Max, un chimpanzé, Max Mon Amour.
Takeshi Kitano, réalisateur merveilleux (Sonatine, Hana-Bi) a déjà fait l’acteur dans un film de Nagisha Oshima, le magnifique Furyo avec David Bowie et Ryuchi Sakamoto, dont la musique a fait le tour du monde.
Les principaux personnages du film hormis les deux jeunes recrues ont réellement existé. Le capitaine Soji Okita (Shinji Takeda, remarqué dans Tokyo eyes) est l’un des samouraï les plus célèbres. Mort de la tuberculose à 25 ans, il avait déjà tué en duel plus de 100 opposants.
 
Du rififi chez les samouraïs

« Je ne pense pas qu’il faille uniquement juger quelqu’un sur ses performances au sabre »

Ce n’est pas une surprise, «Tabou » est esthétiquement superbe : choix des couleurs, qualité de la photo, symétrie de la mise en scène, chorégraphie des combats…tout contribue à faire de ce film de samouraïs un spectacle entier, plaisir des sens. L’attention portée au son et la musique de Ryuichi Sakamoto (déjà salué pour la bande originale de «Furyo ») ne sont pas pour rien dans l’envoûtement que provoquent certaines scènes : les duels sont la grande réussite du film, souvent filmés de façon aussi érotique qu’un tango argentin.

Tout cela aurait pu donner un film splendide, si Nagisa Oshima ne s’était pas enfermé dans un scénario simplet mais confus, s’il n’avait pas affaibli l’intensité de son film avec une narration incroyablement naïve. Tout le problème est de savoir s’il a volontairement souhaité des scènes décalées oui si l’on rit à ses dépens. Difficile en effet de prendre au sérieux des commentaires tels que «tout vient à point à qui sait attendre », difficile de ne pas trouver ridicule le monologue de Takeshi Kitano, obsédé par les éventuels «penchants » des samouraïs de sa milice. D’autant plus que l’homosexualité, loin d’être le tabou annoncé par le titre du film, est tout à fait admise dans ce milieu masculin, très perturbé par l’arrivée d’un ange séducteur digne du «Théorème » de Pasolini.

Le film manque enfin de chaleur, d’émotion. Certes, la discipline des samouraïs n’autorise guère les épanchements, mais puisqu’il est question de passion destructrice, on aurait aimé partager les affres de ces rois du sabre. Impassibles, les visages des acteurs sont autant de masques de cire qui nous empêchent décidément de regarder cette histoire autrement que de loin.

Vraiment pas de quoi se faire hara-kiri.

Mathilde  

 
 
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