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   spécial Cannes
 
 
 
Production : Asian Union Film et Entertainement LTD
Réalisateur : Wen Jiang (The heat of the sun)
Scénario : Shuping Wang, Jianquan Shi
Photo : Chengwei Gu
Son : Wu Ling
Musique : Jian Cui, Haiying Li, Xing Liu
Montage : Yifan Zhang, Folmer Wiesinger
Durée : 164 minutes

Interprétation:
Wen Jiang (Ma Dasan)
Teruyuki KAGAWA (Hanaya Kosaburo)
Hongbo Jiang (Yuer)
Quiang Chen (Yi Da Liu)
Kenya Sawada (Sakatsuka Inokichi)
 
 Guizi Lai Le (Devils on the Doorstep)
2000 / Chine / Compétition Officielle / Projection Samedi 13 mai
 
Tandis que la Chine est ravagée par la guerre et envahie par les Japonais, un paysan Dasan est menacé par un mystérieux homme de l'Armée Chinoise qui lui confie deux sacs. A l'intérieur de ceux-ci, Dasan découvre un prisonnier Japonais et son interprète chinois. Six mois s'écoulent. Dasan et sa maîtresse, enceinte, prennent soin des prisonniers. Mais peu à peu la famine s'emparant du village et les habitants décident de mettre les prisonniers à mort.
 
 
Wen Jiang est un cinéaste chinois, né en 1963 à Tangshan dans une famille de militaire. Après avoir obtenu le diplôme du Conservatoire d'Art Dramatique de Pékin en 1985 , il se consacre au théâtre. Dès 1985, les plus grands réalisateurs chinois lui confient les rôles principaux.
En 1998, il obtient le Hong-Kong Film Award pour son rôle dans Song Jia Huang Chao de Mabel Cheung aux cotés de Maggie Cheung (Nos Années Sauvages, Irma Vep) et de la plus belle femme du monde Vivian Wu (l'héroïne de The Pillow Book et de Entre Ciel Et Terre).
Guizi Lai Le est son deuxième film après In The Heart Of The Sun, tourné en 1994.
Un drame rural en noir et blanc de près de 3 heures refroidira certainement le Grand Public. Le script date de 98, et de là, 5 équipes sont partis à la recherche du village idéal. 5 mois de tournage qui ont nécessité 500 000 rouleaux de films.
 
CADEAUX EMPOISONNES

Tout commence avec Moi. Moi c’est le diable, c’est celui qui vous dérange et vous onge, qui vous impose un dilemme, qui vous détruit quelque soit vos choix.
Dans un village reculé, au bout du monde, dans un décor surréaliste où les lunes sont pleines, la rivière trop large et une muraille morcellée, Jiang Wen nous place dans une atmosphère digne du Désert des Tartarres de Buzzatti.
Sur le fond il s’agit d’une comédie tragique, ou d’un drame plein d’humour. Le Noir et Blanc granuleux rappelle un cinéma asiatique d’un autre temps et ajoute au lyrisme absurde de cette histoire sur les tourments humains. Car le réalisateur ne fait que filmer les réflexions de chacun, ses décisions, ses dialogues intérieurs. Partagé entre révolte et résistance, l’Homme est déchiré par sa culpabilité, sa lâcheté, sa bonté et sa méchanceté, son orgueil mal placé et son honneur rituel, son intégrité et sa responsabilité. L’Homme est déterminé à éviter les remords.
Le film est une leçon admirable de la psychologie humaine, individuelle ou en groupe. L’interrogatoire par exemple est subtilement mis en scène et l’un des rares échanges bavards à avoir un rythme. Car le problème essentiel du film réside dans un scénario trop confus, voire incompréhensible et manquant de cohérence, et surtout trop long, inutilement. La fin est carrément baclée et facile.
Un film qui ne tire pas assez parti du pouvoir de l’image comme acte synthétique de l’écriture.
Il y a bien sûr de l’action, du suspens, et des rebondissements pour ponctuer un spectacle avant tout métaphorique.
Là où Guizi Lai Le se révèle surprenant c’est dans l’humour. Un âne chinois qui prend un cheval japonais, une animalerie digne de Kusturica, de la farce à l’italienne (à l’instar des Pains Amour et cieÉ), ou encore des références aux comédies US des années 30, sans parler de certains plans qui font penser à ImamuraÉ Jiang Wen aurait pu, en maîtrisant son script, éviter les obstacles d’un film si peu conventionnel.
Mais voilà, il s’embarque des débats interminables et sans intérêts entre les personnages, comme s’il filmait " live " et sans montage les délibérations d’un conseil municipal. Le rythme est totalement déséquilibré, et le détour par la ville n’arrange rien. Des discours et discussions trop longues font de ce puzzle gigantesque un film difficile à comprendre aux premiers abords. On aurait aimé se laisser séduire davantage, épouser le destin du héros et de sa femme. Il n’en est rien. La contemplation ne suffit pas.
Artistiquement superbe et irréprochable, avec quelques très beaux plans au cadre étudié, cette Ïuvre hybride (chinoise et japonaise, lente et rapide) déconcertera les non initiés et ravira les cinéphiles exigeants.

- Vincy

 
 
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