- Site officiel
- Boutique Ecran Noir
   spécial Cannes
 
 
 
Production : Merchant-Ivory Productions
Réalisation : James Ivory
Scénario et dialogues : Ruth Prawer Jhabvala
Image : Tony Pierce-Roberts
Montage : John David Allen
Durée : 2 heures 20

Interprétation:
Uma Thurman (Charlotte Stant)
Jeremy Northam (Prince Amerigo)
Nick Nolte (Adam Verver)
Et Kate Beckinsale, Aljelica Huston·

*** Liens ***

- Site offciel
 
 The golden bowl
2000 / Etats-Unis / Sélection officielle / Compétition / présenté le dimanche 14 mai
 
Le Prince Amerigo, ruiné, est sur le point d'épouser Maggie, la fille d'Adam Verver, riche collectionneur d'oeuuvres d'art. Avant le grand jour, il se rend une dernière fois chez sa maîtresse, Charlotte Stant, et s'emploie à trouver avec elle un cadeau pour sa future épouse. Ils remarquent une jolie coupe d'or, qu'ils abandonnent finalement à cause d'une fêlure. Le hasard conduit Charlotte à épouser Adam Verver. Unis par la famille, les deux amants ne tardent pas à reprendre leur liaison. Un nouveau coup du sort, l'achat de la fameuse coupe, conduira Maggie à découvrir le pot aux roses·.
 
 
Après les résultats très moyens de ces derniers films (également très moyens), James Ivory renoue avec ses premières amours : Ismail Merchant, avec qui il est associé depuis 1961, Ruth Prawer-Jhabvala, sa scénariste fétiche, et une nouvelle adaptation d'Henry James, auteur de prédilection, qui lui a valu ses plus belles réussites.

Venu sept fois sur la Croisette, James Ivory n'y a remporté qu'un prix : celui du 45ème anniversaire du Festival, en 1992, pour "Retour à Howards End ". Longtemps considéré comme un cinéaste à part, un Américain qui ressemblait à un Anglais et faisait des films en Inde, James Ivory poursuit, avec "La Coupe d'Or ", son étude des conventions sociales, face à l'orgueil, l'amour, l'adultère...

Spécialiste des jolis castings, il réunit cette fois Nick Nolte, Anjelica Huston et Uma Thurman. Cette dernière, déjà vedette du film d'ouverture (Vatel, longtemps prévue dans le Jury de la compétition officielle, a dû renoncer à cet honneur, puisqu'entrée dans le jeu de la compétition avec "La coupe d'Or ".
On note aussi la présence de Kate Beckinsale, dont la première apparition au cinéma date de Beaucoup de Bruit pour rien, qui avait d'ailleurs monter les marches. Autre habitué de Cannes, Jeremy Northam, qui l'an dernier était à l'affiche du film de clôture (Un mari idéal) et d'un film salué à Un Certain regard (The Winslow Boy).

 
INFIDELE

Adaptation d'Henry James. Réalisation par James Ivory. Le casting étincelant de stars habitués aux films à costumes. The Golden Bowl est le film le moins surprenant de Cannes, tellement on devine le style (académique), la forme narrative (linéaire, théâtrale), et la direction artistique. Cependant, le film est un cran en dessous de Maurice et des Vestiges du Jour.
L'introduction est d'ailleurs plutôt ratée puisqu'elle n'offre au final aucun intérêt pour le spectateur, si ce n'est de savoir les origines du Prince. Si le film est sauvé, c'est d'abord par ses acteurs (entre sobriété et dramaturgie calculée), et par la fluidité déployée par Ivory pour raconter une histoire d'infidélité - et de fidélité extrême entre le père et la fille, bref les deux cocus.
Les rôles offerts à Thurman (bien mieux exploitée que dans Vatel) et Beckinsale (la jolie brune de Beaucoup de bruits pour rien) sont des cadeaux pour des actrices : amies et rivales, belle mère et belle fille, maîtresse et femme du même homme, elles se livrent des bisous et des coups de griffes orgueilleux, absolument délicieux.
On regrettera cependant que le formalisme l'emporte sur le fondamental. La fin, un peu libre d'interprétation, ne permet pas de saisir les décisions de Uma Thurman. La lâcheté des hommes, les hypocrisies des femmes sont traitées classiquement, au détour d'une scène.
Jamais on ne ressent de pulsions amoureuses, jamais on ne vibre pour leur amour impossible. Quant à la Coupe d'Or ce n'est qu'un détail trop appuyé pour appeler ça une métaphore.
Bref, si l'histoire est belle, les acteurs magnifiques et la qualité artistique indéniable (inclus une vraie leçon sur l'Aret italien), on ne peut s'empêcher de reprocher un manque d'inspiration, de prise de risques, et surtout d'originalité. Ivory nous a livré un Ivory - long. Certains s'y ennuient. D'autres s'émerveillent devant ce début de siècle (en Italie comme en Angleterre) où les nouveaux riches font la loi à une Aristocratie déshéritée.
Etrangement, le film n'a pas la richesse émotive des opus précédents qu'Ivory a su tirer partie de l'oeuvre de James. A l'instar de la Princesse, Ivory et son producteur Merchant cherchent une perfection impossible. Il y a un certain danger dans la beauté. Celle de lasser.

Vincy  

 
 
   (C) Ecran Noir 1996-2000