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   spécial Cannes
 
 
 
Production : Pony Canyon INC
Réalisateur : Edward Yang (« Confusion chez Confucius »)
Scénario : Edward Yang
Photo : Weihan Yang
Musique : Kaili Peng
Montage : Chen Bowen
Durée : 173 minutes

Interprétation:
Wu Nianzhen (NJ Jian)
Kelly Lee (Ting-Ting)
Jonathan Chang (Yang-Yang)
Issey Ogata (Mr Ota)
Elaine Jin (Ming-Ming)
Ke Suyun (Sherry Chang-Breitner)
 

 A one and a two
2000 / Chine / Compétion Sélection officiellle / Présenté le lundi 15 mai 2000
 
NJ Jian, sa femme Min-Min et leurs deux enfants forment une famille de classe moyenne classique. Ils partagent leur appartement de Taipei avec la mère de Min-Min. NJ est associé dans une entreprise de matériel informatique qui a réalisé des profits importants l'année précédente mais risque le dépôt de bilan faute de changement de direction. Petit à petit, il se fait à l'idée de s'associer avec Ota, un concepteur novateur de logiciels de jeux au Japon et il prend plaisir à côtoyer ce Japonais charmant et distingué.
Mais tout tourne mal le jour du mariage de A-Di, le frère de Min-Min. Ce jour-là, la mère de Min-Min a une attaque et est transportée d'urgence à l'hôpital dans le coma. On ne sait si elle se réveillera jamais. Ce même jour, NJ tombe nez à nez avec son premier amour d'enfance, Sherry, qui est mariée et qu'il n'a plus vue depuis 20 ans.
 
 
Edward Yang est un cinéaste de nationalité taïwanaise. Né en 1947 à Shangaï, il passe pourtant sa jeunesse à Taipeh, pendant laquelle il réalise des mangas. Après avoir obtenu, un diplôme en Ingénierie Electrique, il part aux Etats-Unis travailler dans la conception de système micro-informatique.
En 1981, il décide de se lancer dans le cinéma, et de revenir à Taïwan. Avec Tsai Mi-Liang, il est l’un des pionniers de la Nouvelle Vague Taïwanaise. Il fonde sa propre société de production. Ses films parlent de la solitude engendrée par la société urbaine.
Son film A Brighter Summer Day l’a révélé en 1991. Il a réalisé un film avec Virginie Ledoyen, Mahjong en 1996 inédit en France.
2h53 donc de spleen, contemplation et de virtuosité plastique attende le spectateur.
 
Chronique d’une mort annoncée

«Je ne suis vraiment plus sûr de grand chose en ce moment»

Libération a un jour demandé à Edward Yang pourquoi il filmait, et il a simplement répondu : «parce que cela m’évite de parler ». On ne peut que s’en féliciter, tant il sait si bien montrer ce qui se dit difficilement.

A commencer par la vie, et ce moment délicat où chacun se demande s’il n’est pas passé à côté de la sienne, s’il a encore droit à une deuxième chance. Et parce que l’âge n’est pour rien dans cette question, Edward Yang pose sa caméra sur une famille en crise, quatre générations de personnages troublés, luttant pour comprendre.

Aidé par le naturel de ses comédiens - non-professionnels pour la plupart- il livre un film d’une grande beauté et d’une évidente simplicité. Comme on tourne les pages d’un album-photo, Edward Yang égrène mariages, naissances, souvenirs et décès, mais aussi les petits détails de la vie, hasards, mots d’enfants ou superstitions, qui donnent toute sa poésie au film.
Le petit Yang-Yang est sans aucun doute le personnage le plus attachant de «Yi Yi », lui qui photographie les nuques des gens pour leur montrer ce qu’ils ne peuvent voir. Il offre humour et dérision à un film grave, qui réussit la performance de n’être jamais long même s’il dure près de trois heures : simplement parce que c’est notre image qu’il nous renvoie.

On pense beaucoup au «Garçon d’Honneur » de Ang Lee, notamment dans l’irrésistible scène du mariage, mais aussi à l’ensemble du cinéma asiatique moderne, obsédé par les univers urbains. Comme chez Wong Kar-Waï, la ville est omniprésente dans «Yi-Yi » et admirablement filmée, de préférence la nuit, dans le reflet d’une fenêtre.

Edward Yang nous offre donc un film à la fois humain et esthétique, qui confirme la grande force du cinéma asiatique.

Mathilde  

 
 
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