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   spécial Cannes
 
LES ELEPHANTS " ON THE ROAD " POUR LE CIMETIERE

Ils n'ont rien de monstrueux, si ce n'est l'énormité de leur notoriété. Et s'ils sont sacrés c'est bien pour leur talent, qu'on reconnaît évident souvent un peu trop tard.
La question est de savoir qui peut rentrer dans la catégorie " Monstre Sacré " (soit MS dans notre lexique), à différencier de l'étiquette Stars. Les étoiles, ça peut briller très fort, mais elles sont surtout filantes. MS c'est d'abord un acteur /une actrice qui prends du poids. Pas forcément du poids dans le système puisque son influence est plutôt déclinante avec l'âge. Mais bien des kilos sur la balance et des tonnes en récompenses. C'est aussi une légende en devenir. On ne doit pas confondre MS et Légende, logée au cimetière.
D'où la bizarre (vous avez lu bizarre ?) impression de croire qu'il y a mois de MS qu'avant. C'est toujours mieux avant, de toute façon. Les cimetières sont-ils peuplés de Stars mutées en MS, elles-mêmes transformées en Légendes ?
Est-ce qu'un Montgomery Clift ou une Audrey Hepburn ont été sacralisés de leur vivant ? Ou sont-ils devenus légendaires sans passer par la case MS ? En effet, des Gabin, Simon, Signoret, Montand ont connu ce " famous " statut de MS en voyant leurs visages s'empater, leur beauté se faner, leurs traits se rider, les cheveux grisonner et leur voix se casser.
Pour le commun des mortels, il y a la carte vermeille, les promos Age d'or et la reconnaissance média du segment 3ème Age. Pour les Stars, il y a l'Appellation d'Origine Contrôlée " MS ".
Après 100 films, dont quelques navets, deux ou trois bijoux du patrimoine cinématographique et une popularité enviable, la star peut se labellisé MS et épargner son capital 'Cote d'amour " en vue de la Une de Libé le jour de son décès, et de l'Assurance-Légende pour la postérité.
Il n'y a pas plus de MS qu'avant. Ni moins. Chaque décennie a son lot de quinquas, sextas, septua, et caetera... qui imposent le respect, n'en glandent pas une sur les plateaux et jouent leurs propres rôles puisqu'on leur demande juste de " faire du untel ".

 
 

Il n'existe pas de MS morts. Des Noiret, des Peck, des Depardieu, des Deneuve. C'est le brelan de roi avec le bonus de la reine de ce Cannes 2000 " stars-less ". Il y a les Delon, Moreau, Belmondo, Loren, Connery, De Niro, Pacino, Nicholson, Lemmon, Rowlands...
Statistiquement, il y en a une quarantaine de par la monde. Tous les Festivals y vont de leur hommage (pour l'image) en piochant dans la liste. Tous justifient leur choix. On se demande pourquoi. Personne ne s'est interrogé sur la présence de Clooney. Ni sur l'hommage à Bunuel. Le MS se suffit à lui-même ! On le voit en noeud pap' ou en robe de soirée ; le MS gravit les marches , impose sa prestance. Les lauriers déjà derrière la tête. Il est connu de tous, jusqu'à sa voix dans les pubs radios (faut bien payer leurs gros impôts quand ils n'émigrent pas dans un pays fiscalement correct). Le public l'a découvert jeune (et peut le revoir jeune grâce au DVD), l'a vu vieillir devant ses yeux. C'est un intime. Un ami de la famille avec une présence débonnaire qui nous rassure. Ca nous conforte sur le temps qui passe. Il appartient à nos (meilleurs) souvenirs et notre imaginaire. On ne critique pas un Serrault ou une Dunaway. On salue bien bas et on les laisse faire ce qu'ils veulent. Comme des gamins à qui on pardonne tout.
Tout ça pour dire que l'hommage à Sean Penn, Prix d'interprétation ici-même, est sauf le sacre d'un monstre. Enfant terrible, il n'a ni la popularité, ni la sagesse des Dieux vivants.
Il a en sa faveur une vision d'auteur et un talent de comédien. Bref ça cible idéal côté cinéphile 25-40 ans tendance centres urbains. Ca met un peu de paillettes sur le tapis rouge. Et ça tombe à point nommé pour la promo de son prochain film Up at the Villa. Cannes mise donc sur un futur MS, prêt à remplacer une future légende. C'est comme à l'Académie Française. Sauf que le vert, par superstition, ça porte malheur au cinéma !

PS : Grand Festival, leader sur son marché, ch. MS pour remettre Palme d'Or dimanche 21 suite à défection de K.Basinger. Contactez l'organisation.

Pour l Ôamour des chiffres

24, c’est le nombre de marches que l’équipe d’«Eurêka » a grimpées ce matin pour la projection officielle du film de Shinji Aoyama, présenté à 9 heures. Un horaire pour le moins inhabituel, tout autant que la durée du film : 3 heures 37, le record de cette année 2000. A séance unique, public prestigieux : les 10 membres du Jury sont arrivés par une petite porte dérobée pour s’installer au fond de la salle, à l’abri des regards indiscrets et de toute influence extérieure.

Beaucoup trop, c’est le nombre d’invitations distribuées hier pour les différentes projections de «Dancer in the Dark », prises d’assaut par le public. Le service d’ordre ayant refoulé une bonne partie de la foule, les plus chanceux ont attendu 11 heures et la conférence de presse du film, pour apercevoir Catherine Deneuve sur l’un des 120 téléviseurs installés dans le Palais. Pus tard dans la soirée, 15 personnes ont été arrêtées après une bagarre à la sortie du Palm Beach : journée musclée pour le Festival de Cannes.
Il faut dire qu’à l’approche des élections municipales, la sécurité de la ville est loin d’être prise à la légère : même si Cannes investit 21 millions de francs dans le financement du Festival (dont le budget total est de 40 millions), pas question cette année de laisser les fêtes perturber le sommeil de ses riverainsÉ.

 
 
 

Dommage pour les quelque 30 000 accrédités (le chiffre officiel ne sera connu que l’année prochaine) qui se voient obligés de travailler sérieusement, aidés par les 850 personnes embauchées au Palais pendant le Festival. Dans le lot, on comptait près de 4000 journalistes l’année dernière, pour environ 80 pays : chacun sait que le Festival de Cannes est le 2ème événement le plus médiatisé après les Jeux Olympiques.

Le chiffre devrait être largement dépassé cette année avec l’invasion de la Croisette par les multiples équipes du web : la salle de presse dispose d’un accès Internet depuis 1996 mais il faut bien avouer que l’on assiste cette année à une véritable explosion du support. Le Festival, même s’il interdit l’utilisation de la web-caméra dans les lieux les plus stratégiques du Palais, ne devrait pas s’en plaindre : on évalue à 250 millions la publicité gratuite faite par la presse à la manifestation !

Pourtant, la tendance est cette année au pessimisme et beaucoup prédisent que le Festival ne sera bientôt plus qu’un immense marché. Créé il y 40 ans, il est vrai que le Marché du Film a pris de l’ampleur : on y compte cette année plus de 5000 participants (pour environ 70 pays) réunis dans un nouvel espace de 7000 m2 : la Rivieira. 2000 films et projets y sont présentés, dans les 25 salles qui accueillent pas moins de 1000 projections !

Petit détail pour finir : tout ceci est essentiellement payéÉpar vous, puisque plus de la moitié du budget du Festival provient de fonds publics !

 
  
 
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