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   spécial Cannes
 
Mission To Mars

Jouez et gagnez de nombreux lots en répondant à la question suivante:

Combien de dollars a rapporté le film, à date, aux USA?

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SUCRÉ SALÉ

Alors que les " .com " envahissent Cannes, que ce soit au Mitic sur certaines terrasses ou dans les médias (le gigaoctet crève l'écran Cannes ai tempi di Internet), le cinéma (un art créé avant l'apparition du premier IBM) présenté dans les salles Lumière, Debussy, Bazin ou Bunuel (aucun créateur de start-up quoi) nous surprend encore avec des mélanges audacieux que le vrai Vatel n'aurait pas renié.
Si Dominique Moll rate son coup, c'est bien parce qu'Harry bande " mol " en seconde partie (malgré tous les oeufs crus avalés). Cependant cette historiette familiale, cette observation du couple fascine par le reniement de soi au profit d'une soi-disante complémentarité qui soustrait plus qu'elle n'additionne.
Neil LaBute ne bute en rien et s'en sort beaucoup mieux avec sa provinciale schizo poursuivie par deux tueurs et en quête d'un acteur. Il arrive à passer d'un scalp live à une scène intense d'un opéra savon, d'une déclaration d'amour d'un vieux monsieur à une tuerie en série. Et puis à l'opposé, le plaisir de divertir se transforme en volonté de signifier. Une jeune iranienne - Samira Makhmalbaf - imagine plusieurs tableaux dans son Tableau noir, pédagogique et métaphorique, où le Savoir sera plus fort qu'une guerre. Même chose, pour Guizi Lai Le, du chinois Jiang Wen, qui plonge lui aussi sa caméra dans une guerre, filme en noir et blanc une morale sur la tolérance et la lâcheté. Ces films, souvent " brut " (de Pomme si on se souvient du premier film de la fille Makhmalbaf), apparaissent austères et exigeants.
Mais face à la pauvreté d'un Mission to Mars qui ne décolle personne de son fauteuil et qui rend plutôt rouge colère face à cet échec supplémentaire de la Nasa, à côté de la vacuité d'un Under suspicion, débauche de couleurs pastels et d'effets visuels, qui rend suspect les ayants droits d'avoir vendu leur oeuvre originale (Garde à vue), on a pu s'évader grâce à The King is alive (de Kristian Levring).

 
 

Le Dogma n'est pas mort, vive le roi ! En respectant à la lettre le Dogme de Von Trier (Vinterberg, etc...) - LVT lévitera inévitablement sur la Croisette la semaine prochaine - le réalisateur suit un bus et ses 12 passagers avec un respect de la " Loi " revigorant. Ni vidéo trop cheap, ni film trop cher, ce scénario met en valeur une façon de faire du cinéma, sans zizique, avec la lumière naturelle (soleil, lune, éventuellement des phares), et en se détournant de la tentation d'utiliser une grue. Le dogme se veut un format authentique (un peu comme William Saurin avec ses conserves du terroir) et non pas factice.
Reconnaissons que les films venus d'Hollywood (une autre ville à palmiers, les stars sont vraiment des fumistes) ne sont guère intéressants. Comme écrit hier, la photocopieuse n'a pas de composantes en intelligence artificielle. Notre dose de dope provient d'ailleurs : des champs du Kansas, des routes d'Afrique, d'un village au fin fond de la Chine ou des montagnes du Kurdistan, et même d'un Cantal abandonné. L'herbe est plus verte ailleurs. L'occasion de faire le joint, euh le lien, avec un autre pays : le Portugal.
On nous a épargné Manuel de Oliveira et ses plans fixes sans fin pour nous offrir une grâcieuse vierge de Fatima, l'actrice Maria de Medeiros dans le rôle de la réalisatrice de Capitaines d'Avril. Tout comme l'acteur-réalisateur Jiang Wen, elle se penche sur l'histoire de son pays - ici la révolution des oeillets (à vos manuels d'histoire, Cannes c'est aussi un exercice de révision pré-Bac).
6 ans après Pulp Fiction, la blonde Uma et la brunette Maria sont de retour sur les marches. L'une pour défendre des films en costumes, européens. L'autre en tant que cinéaste européenne. L'Histoire plutôt que l'action. " The Europe " aurait dit Nurse Betty. Bref, far far from Tarantino and Los Angeles. On se lasse du hamburger, apparemment.

 
Spectator

Faut-il interdire certains spectateurs dans les projections cannoises ?

Il est bien malheureux de devoir poser la question, mais encore plus de connaître la réponse : oui, beaucoup n’ont rien à faire dans les salles obscures du Palais, ignorant des règles élémentaires du respect et visiblement très mal éduqués dans leur tendre enfance.

Pour une fois, toutes les catégories de la population festivalière sont touchées, journalistes ou simples amateurs. Est-ce l’air du bunker qui est empoisonné ? La tête de certains qui enflent, celle des autres qui s’égare parce qu’ils «en sont » ? Toujours est-il que l’inélégance caractérise une bonne partie du public cannois, qui abandonne visiblement tout sens des bonnes manières une fois les portes du Palais franchies.

Prenons l’exemple du film danois présenté hier en compétition, «The King is alive », un film d’une atmosphère intense, à savourer en silence et dans la concentration. Un détail qui a visiblement échappé à une bonne partie des spectateurs présents dans la salle, pourtant professionnels.
A moins que ce soit justement ce statut qui les autorise à tout : garder leur portable allumé, quitter la salle à tout moment- le moins discrètement possible évidemment- et de toute façon lever le camp dès qu’ils sentent que l’intrigue est bouclée, sans même laisser le film s’achever. On a même vu un imbécile craquer une allumette pour pouvoir regarder sa montre, certainement pour mesurer ce qu’il lui restait de torture à endurerÉ..

 
 
 

En projection officielle, le public est différent mais le schéma identique, à une nuance près : l’insulte est encore plus flagrante, lancée au visage de l’équipe du film, présente dans la salle. Que les sièges claquent haut et fort, manifestant le mépris de spectateurs grossiers ! Samira Makhmalbaf en a fait les frais cette après-midi, heureusement consolée par les applaudissements nourris de ceux qui respectent le travail d’un réalisateur, en l'occurence particulièrement méritant.

Dans tous les cas, la nuance est un mot à bannir du vocabulaire cannois. Applaudissements frénétiques ou sifflets hystériques, telle est l’unique alternative qui attend le réalisateur assez courageux pour soumettre son Ïuvre aux Jeux du cirque. C’est à peine si les pouces ne décident pas du sort du film, mis à mort ou porté en triomphe par la foule. Holly Hunter rappelait aujourd’hui en conférence de presse le sort effroyable réservé à «Crash » il y a peu. Sifflets, huées, insultes, rien ne lui fut épargnée en cette année «terrible». On en excuserait presque la mine renfrognée de Calista Flockhart à ses côtés, visiblement effrayée et bien loin de l’image coquine qu’Ally McBeal nous promettait.

Il faut bien l’avouer, ce Festival est une épreuve, une mise à nu des pires penchants d’un monde qui oublie souvent de se montrer professionnel à défaut d’être respectueux.

 
 
 
 
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