1995
Underground
de Emir Kusturica
(ex Youg.)

Gros plan sur l'année 1995
Les Prix et Jurys

Exactement 10 ans après Papa est en voyage d’affaires, Kusturica récidive et remporte la seconde Palme d’or de sa jeune carrière : tout un exploit étant donné qu’il n'a seulement réalisé que 5 films. À sa sortie sur la croisette en 1995, Underground fit coulé des marées d’encre.

Underground ouvre sur un ton de démesure et de névrose. Sous les allures d’une foire comique, absurde et baroque se cache une allégorie amère qui tente d’expliquer à sa façon, l’éclatement d’un pays qui n’existe plus aujourd’hui : la Yougoslavie.

Underground traverse donc trois périodes importantes dans l’histoire de la Yougoslavie. La première se déroule en pleine occupation allemande durant la deuxième guerre mondiale. Marko et Blacky (les personnages principaux du film) sont à ce moment membres actifs de la résistance. Lorsque Blacky sera capturé et torturé par les ennemies, Marko se portera héroïquement à son secours. Il cachera se dernier et quelques autres membres de son clan dans la voûte souterraine de son oncle.

La seconde période marquante dans l’histoire slave, et celle qui est récupéré dans le film, est celle du règne de Tito. Blacky et les autres demeurent toujours dans le sous-sol, tandis que Marko (demeuré à l’extérieur) devient un membre important du partie. Tout en simulant à Blacky que la seconde guerre mondial fait encore rage, Marko utilise ses « protégés » pour leur faire construire des armes pour lutter contre la pseudo invasion allemande. Cette supercherie durera longtemps et amènera jusque dans la phase contemporaine de l’histoire de la Yougoslavie.

Le récit complexe d’Underground s’étend à plusieurs niveau. Kusturica conjugue divers niveaux métaphoriques donnant ainsi à son film un angle critique peu commun en ce moment en ce qui concerne le conflit opposant les Serbes et les Bosniaques. Kusturica attribue la responsabilité à plusieurs facteurs. Premièrement, il refuse de croire en la « vérité » que semble véhiculer les médias. Toutes les séquences tirées des documents d’archives et les séquences du tournage du film à la mémoire de Marko résume bien le point de vue accusateur de Kusturica. D’ailleurs, le personnage de Markos marque « l’Histoire », mais pourtant une grande partie de la vérité est cachée et manipulée dans la cave de sa maison…

Steve Rioux


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