18 Mai 1997







Courts Toujours
Cannes - 18 Mai 1997 - 12.00

Les courts métrages en compétition ont tous été présentés en projection. La salle était pleine. Presque deux heures à voir des films courts aussi différents les uns des autres. Tous les styles étaient représentés, du film d'art à l'animation en passant par la fable. Difficile de faire un choix dans une programmation si eclectique et si riche.
W Richard C . Zimmerman (Etats Unis) - BirdHouse - est un digne héritier de Wallace et Gromit. Tessa Sheridan (Royaume Uni) - Is it the design on the wrapper - sur un scénario très original (une fillette de 6 ans raconte son étrange rencontre avec une dame faisant une enquête sur les chewing-gums) a réalisé un film attachant et très drôle.
A la fin de cette projection, une chose était sûre. On regrette vraiment de ne pas avoir droit en salle à ces petits bijoux qui permettent à la jeune génération de cinéaste de s'exprimer. C'est souvent la première marche d'une carrière, d'un réalisateur qui demain montera les suivantes en grandes pompes.
Un exercice de style difficile qui devrait permettre à tout le monde de profiter sans courir les cinémathèques.
La preuve, l'affluence à cette projection est le plus beau témoignage que l'on pouvait rendre à ce type de cinéma. Ce soir la Palme d'or du court-métrage sera remis durant la même cérémonie que La Palme d'Or du long métrage. A égalité.(V.M.)

En attendant Deneuve...
Cannes - 18 Mai 1997 - 13.30

Les micros et les caméras sondent tous les journalistes : pour qui la palme ? votre avis sur la sélection ? Le bunker se vide des participants du Marché du film. La chaîne TV interne retransmet une rétrospective de 10 jours de festivals. Nos casiers sont vides. La fin approche.
Ce 50ème Festival de Cannes se clôt sous le soleil satanique qui nous donne envie d'aller à la plage. Deneuve remettra la Palme d'Or ce soir, et Emmanuelle Béart, Sandrine Bonnaire, les Césars 97 Philippe Torreton et Laurence Cote donneront les autres prix.
Pour l'instant Egoyan, Oliveira ont été récompensés par la Critique internationale.
J 'ai horreur de l'amour et Bent ont reçu le Prix de la jeunesse.
Et ce soir ?
2 grands favoris parmi une critique très divisée : l'Egyptien Youssef Chahine et le Canadien Atom Egoyan.
De nombreux prix peuvent être distribués pour ce palmarès, dont un prix du cinquantenaire.
Chez les acteurs on privilégie Turturro, Serrault, ou les duos de Western et d'Happy Together.
Chez les actrices, deux comédiennes se démarquent : Isabelle Carré et Robin Wright.
Ces rumeurs ne sont pas très viables à cause de 3 points : les journalistes ne vont pas voir tous les films (si,si!), elles proviennent majoritairement des Français et des Américains (qui favorisent leur pays), et surtout aucun film n'est arrivé avec un concensus total.
Une palme qui sera d'avance très controversée. Un palmarès qui laissera de grandes injustices.

Aimtivi libanone
Cannes - 18 Mai 1997 - 14.15

Les conférences de presse reflètent bien les désirs des spectateurs : la salle est remplie pour Travolta ou Schiffer, et vide lorsqu'il s'agit de Rousselot ou Ouedreago.
Ce qui pose un problème d'éthique qui s'accentue avec la composition des journalistes. Un film français attirera très peu d'Américains, alors qu'il y avait une ruée d'Asiatiques pour Wong Kar-wai.
Questions langues, Kassovitz a refusé de parler en anglais malgré l'insistance d'un journaliste-radio, de même Greta Scacchi n'a pas répondu en français.
Ce fut aussi épique d'attendre la traduction du cantonnais lors de celle de Happy Together.
Au total on retrouvait toujours les mêmes à chacune des conférence : Capa, France Inter, les Italiens, et d'autres...c'était l'ONU dans une salle de 100 places. La palme revient aux 4 top-models-journalistes libanaises (dont MTV Liban) qui alternaient les langues, posaient au minimum une question par conférence (record sur Wenders où elles ont squatté 6 questions).
Quant aux animateurs, et à l'unanimité, le meilleur est Henri Béhar (Le Monde) qui avec ses airs de diva - et son fond de teint - cache un remarquable cinéphile, doté d'un humour distrayant et n'hésitant pas à jouer les chefs d'orchestre.

Pulp Reality
Cannes - 18 Mai 1997 - 16.45

Quelques centaines d'internautes ont voté sur le site Ecran Noir pour la Palme des Palmes. Le grand vainqueur est Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino.
Des films plus anciens comme La Dolce Vita, Taxi Driver ou Apocalypse Now ont recueilli de nombreux suffrages. En tout cas pas de majorité absolue.
La délibération pour le vote concernant la sélection 97 s'annonce toute aussi divisée puisque les cinéastes Leigh, Moretti et Burton ont fait savoir qu'ils n'avaient pas apprécié les films.

Meurtre dans un jardin anglais
Cannes - 18 Mai 1997 - 17.45

Philippe Rousselot s'est fait reconnaître professionnellement grâce à ses talents de directeur de la photographie dans certains films comme Diva de Beinex (premier César), Et au milieu coule une rivière de Redford (Oscar).
En faisant "son" premier film, The serpent's kiss, il entreprend une passion: travailler avec et pour des acteurs.
Greta Scacchi et Carmen Chaplin, toutes deux emballées par le script, soutiennent avec brio des personnages riches en émotions, à multiples personnalités.
La qualité du scénario, banal et savoureux, permet de succomber au charme de cette histoire, sans vrai suspens, mais avec une intrigue captivante.
On frôle Peter Greenaway dans les métaphores, il y a cet exquise touche européenne, une sorte de séduction involontaire.
Rousselot n'explique pas ce qu'il a voulu filmer à travers ce jardin très laid ou ces personnages qui mentent.
On n'est pas très loin de l'orgueil, de la vanité, et de l'apparence abordés dans Ridicule.
Mais le film n'a pas la grandeur du Leconte ni la complexité de Greenaway. Il n'en a pas la prétention non plus. Comme si l'ambition ne dépassait pas le jardin qu'il construit, et à quel prix!, et s'arrêtait à l'illustration de la métaphore.
Heureusement les acteurs font envoler toute littérature pour se concentrer avec optimisme sur les sentiments.

Prévisions et thèmes
Cannes - 18 Mai 1997 - 19.00

11 jours en synthèse, des récompenses en prévisions,...et Chahine, Lee, Wenders et Cassavetes qui se déplacent pour la soirée de clôture....Tous nos Pronostics!

Montée des marches
Cannes - 18 Mai 1997 - 19.30

De nombreuses équipes de films qui laissent deviner un palmarès éclaté.
Et puis les plus acclamés: Deneuve, Béart, Travolta, Hugh Grant.
Le Palmarès 1997 en direct.

Cannes 1998
Cannes - 18 Mai 1997 - 19.45

On ferme jusqu'à l'année prochaîne, mais le site continuera de bouger avec de l'audio et beaucoup de photos.
98, même endroit, du 13 au 25 mai.

Un palmarès qui finit en queue d'anguille, avec la cerise sur le soufflé (raté).
Cannes - 18 Mai 1997 - 21.00

Le défi était difficile. Le choix est non seulement fade au goût (deux palmes très classiques) mais les prix hors-Palmes sont beaucoup plus intéressants et dans le ton que la récompense ex-aequo suprême.
Ce n'est ni le meilleur Imamura, ni le meilleur Kiarostami. On pourrait croire qu'il y a un choix très politique derrière ces deux palmes surprises.
Mais on a beaucoup plus vibrer en entendant les noms d'Egoyan (et le florilège d'éloges: originalité, créativité, style, invention) pour le Grand Prix et de Chahine (pour l'ensemble de sa carrière et sa prise de risque) pour le Prix du Cinquantenaire. Les oeuvres étaient audacieuses, ancrées dans leur époque, et philosophiques. De plus il s'agissait esthétiquement des plus aboutis; narrativement le Egoyan et Kar-Wai (Prix de la Mise en scène) ont été justement primés. Wong Kar-Wai a d'ailleurs espéré en conférence de presse que "les cinéastes de Hong Kong pourront encore faire des films, et que de nombreux Hong Kongais partagent sa joie ce soir."
Le point commun du palmarès a vanté l'originalité, la politique et surtout la marginalité. C'est en effet les cinémas du monde (Hong Kong, Bretagne, Canada, Egypte, Iran , Japon) et principalement des cinéastes qui ont beaucoup de mal à financer et produire leurs films.
Jeanne Moreau jouait les déveines en annonçant au début de la soirée de clôture que Cannes était "la dernière forteresse qui protège notre cinéma."
Le scénario à Ang Lee (un film grand public), les prix d'interprétation à deux excellents acteurs (Sean Penn, Kathy Burke) et une Palme d'Or du court-métrage très méritée. La soirée avait bien commencé. Mais de l'avis général le final ne fut pas aussi bon qu'escompté. La standing ovation pour Chahine est là pour prouver les réelles attentes des professionnels.
Mais nul doute que le public saura être l'ultime critique d'une sélection qui laisse sur sa faim. La dispersion des prix démontre bien à quel point les jurés étaient divisés.
On retiendra donc de 97 un vrai goût de liberté, un appel à la vie. Mais où est la violence des films sélectionnés?

V.C. Thomas



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