15 Mai 1997







Surprise attendue
Cannes - 15 Mai 1997 - 00h30

Avant chaque film sélectionné en compétition officielle, les spectateurs privilégiés s'impatientent non pas pour le film projeté (du matin à 8 h 30 au soir vers 22 heures), mais pour le Prélude.
Oh, pas grand chose. Il s'agit juste d'un montage thématique d'extraits de films (de 3 à 6 en général).
Ils ont tous un lien avec le film qui suit. Pour Western nous avons eu l'hilarant "Choupina " (Jerry Lewis, Tex Avery, sur un air mexicain), mais aussi Mozart (Le Puits), les duos sur scène de chanteuses de charme (Ice storm), ou encore le brouillard avant La Trève, le sourire (La Femme défendue), les cheveux (Unagi), les claquettes (L.A.Confidential).
La logique est la suivante : dans Unagi, la star joue un coiffeur, dans La Trève, le film commence avec le brouillard sur le camp nazi , et Isabelle Carré n'arrête pas de sourire dans le Philippe Harel. Etc...
Ces préludes sont si bien réussis qu'ils sont vivement applaudis. De quoi mettre en appétit, avec ces délicieux apéritifs.

L.A.Casting
Cannes - 15 Mai 1997 - 12h00

La montée des marches la plus hollywoodienne du festival. Des " belles américaines " des années 50 qui escortent les belles stars du film L.A.Confidential.
Kim Basinger aux cheveux courts et lunettes noires, l'acteur le plus demandé depuis Johnny Depp, le moustachu Kevin Spacey. Mais aussi James Cromwell (et son petit appareil photo), Russell Crowe et Danny de Vito.
Sans oublier celui qui va les faire toutes craquer : Guy Pierce, avec sa chemise blanche, le col en forme de pelle à tarte, à la Brad Pitt.

Brèves
Cannes - 15 Mai 1997 - 12h30

  • Le jeune cinéaste français Jan Kounen a vendu les droits de distribution de son film Doberman à Miramax-Dimension Films (pour les USA). Le film sort en juin en France, et met en vedette Vincent Cassel et Monica Bellucci.
  • Fashion TV a hier fêté toute la nuit au Jimmy's, en compagnie de jeunes journalistes, de la jet set et des classiques pique-assiette. Les gigolos sont allés se changer dans les toilettes de la Gare. FTV est la première chaîne thématique sur la mode.
  • Un peu avant c'était Canal+ qui retransmettait le match de foot PSG-Barcelone à l'Hôtel Martinez pour une petite élite de privilégiés. Canal + envahit la Croisette. Bruno Delépine, Aude Morachini, ou encore Albert Algoud sont fréquemment croisés dans les rues de Cannes, ou à la sortie des salles.
  • Le Prix de la Bande-annonce, dont le jury était présidé par Alan Parker (Evita), a récompensé hier soir Crash de David Cronenberg.
    Le Grand Prix spécial a été remis à Ridicule. Trainspotting a reçu le prix du meilleur Teaser, et Romeo + Juliet était le favori du public.

    Au pays de Michael
    Cannes - 15 Mai 1997 - 12h45

    Michael Winterbottom a réalisé l'un des films en compétition : Welcome to Sarajevo. Après avoir connu des problèmes de logistique, et dans le but de faire prendre conscience au grand public ce qui est arrivé en Bosnie, il a annoncé que son prochain film pourrait être The Cider House Rules, dont le scénario a été écrit par le romancier John Irving (Le monde selon Garp).
    L'histoire rappelle le dessin animé Candy : un orphelin quitte son lieu d'enfance (l'orphelinat) pour tenter de se construire une vie, et sûrement y revenir en tant que docteur. Le deal a été conclu avec les producteurs, à Cannes.

    Les pleins pouvoirs
    Cannes - 15 Mai 1997 - 14h30

    Après Hitchcock et La Rivière sans retour, Curtis Hanson renoue avec le polar noir et or des années 50. L.A.Confidential est un bon divertissement digne des soiréés du samedi soir, avec tous les éléments pour maintenir en haleine : le scénar tordu mais linéaire, des bars et des stars, le soleil de L.A., et des personnages taillés sur mesure.
    Une dose de Dick Tracy, un doigt de Roger Rabbit, nous voici immergé dans une histoire politico-showbiz superbement reconstituée. Que ce soit les fifties ou 1997, cela ne change rien : le monde est pourri, les médias incitent à la compromission, les millionnaires créent la corruption, et les flics sont au dessus des lois.
    De la poudre, du pèze, et des putes, voilà Hollywood. L'enjeu c'est le pouvoir. Le jeu n'est que la stratégie qui y mène. Sujet à la mode, casting sexy, le film épouse les travers de son époque, jusqu'à la séquence d'horreur inutile mais indispensable. Une pure fiction qui se veut cynique et qui ne fait que dénoncer. Tout ici nous évade, à défaut de poser une véritable réflexion sur notre société.
    La morale est dictée par la une des journaux. Les innocents se salissent. Les violents sont pardonnés. Et le seul véritable méchant du film n'explique nulle part sa motivation.
    Spacey est impeccable et domine les autres protagonistes, notamment une prostituée au grand coeur, la belle, qui repartira avec le blessé (comme d'hab'). Il s'agit de la Basinger qui joue le sosie de Veronica Lake. Le symbole du film, beau mais copié. Faux-semblants, fausses pistes....on nous balade dans L.A. Dommage qu'on ne découvre pas sa vraie personnalité.

    Inquisitoire
    Cannes - 15 Mai 1997 - 15h00

    Youssef Chahine a réalisé Al massir (Le destin) comme on raconte un conte des 1001 nuits avant de s'endormir, pour que la nuit porte conseil.
    Parce que la plupart des cinémas du monde arabe (et on l'a vu avec le Kiarostami d'Iran) est censurée, ou l'écriture contrôlée, il y a de la folie dans cette entreprise, et surtout une foi absolue.
    La spiritualité est d'ailleurs omniprésente dans cette histoire typique. Celle de la Philosophie et celle de la Religion. Les Idées contre l'Ignorance. La première s'envole, survie à l'obscurantisme, a réponse à tout, mais ne domine rien. La seconde est servitude, instrument de pouvoir, force et manipulation.
    Le principal mérite de ce film est de nous donner des raisons historiques, philosophiques, religieuses, à l'intégrisme islamiste, et le détournement du Coran. Et ce à travers les yeux d'un auteur égyptien.
    Si parfois on se noie dans tous ces personnages, si la trame reprend la mauvaise introduction de Beaumarchais l'Insolent, et si le film n'évite pas quelques longueurs, il demeure un vrai plaisir avec les dialogues (et leur sens politique), l'esprit arabe (et cette vie pleine de drame et de danse) et les acteurs, très généreux.
    Ce film plein de vie bascule entre l'exubérance des sages, et la dureté froide des puissants. N'y cherchons aucune fidélité historique dans les paysages, retenons juste l'universalisme des messages, et fatalité des visages.
    Isabelle Adjani ne devrait pas être insensible à cette poésie optimiste et révoltée. En tout cas jusqu'ici le favori de la presse canadienne.

    Le Choc
    Cannes - 15 Mai 1997 - 22h00

    Kasso nous faisait saliver avant Cannes. Le film a été copieusement sifflé par le presse ce soir.
    Assassin(s), qui sort demain sur les écrans français, est le scandale (ou la provocation) du Festival.
    Mathieu Kassovitz a filmé la violence sous toutes ses formes, celle qui entraîne les crimes qui peuplent nos petits écrans.
    Exercice de style sur la cause de nos meurtres, le jeune réalisateur a tourné à vide autour d'un court-métrage qui se transforme en long scénario, autour d'une idée.
    Tout le monde a vu des images pornos, sanglantes, immorales, politiquement incorrectes, souvent répétées. Mais est-ce que personne n'aurait saisi le message, le cri de révolte ?
    Des jeux vidéos aux sitcoms anesthésiantes, en passant par les pubs ultra violentes et l'ennui des banlieues, Kasso a réussi son pari : secouer.
    Nul doute que la critique sera...assassine.

    V.C. Thomas



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