14 Mai 1997







Soirée à l'Italienne
Cannes - Le 14 Mai 1997 01h00

Outre la projection du film de Francesco Rosi (en compétition), le Festival a décidé de présenter un extrait du film Rêve de singe et un autre de La Grande Bouffe (tous deux de Marco Ferreri, récemment décédé), avant de diffuser La Tregua, mais aussi le documentaire souvenir sur Marcello Mastroianni.

La trace
Cannes - 14 mai - 12h45

Politique, historique, et très académique, la (malmenée) condition humaine se filme en grand spectacle à l'italienne. La Tregua de Francesco Rosi commence où La Liste Schindler se clôt ; il nous rappelle aussi les absurdités des fins de guerre de Capitaine Conan.
Cette oeuvre épique sous forme d'Odysée a de la difficulté à trouver son équilibre entre la pesanteur des locomotives staliniennes et la survie intérieure de ces squelettes errants.
Le film s'ouvre sur une image saisissante : quatre cavaliers sortant de l'apocalypse, venus des plaines d'Urga, au sommet d'une colline noyée dans un brouillard. Ils vont libérer Auschwitz.
De là nous est narré de manière assez littéraire le parcours d'un homme, jeune chimiste italien - et juif - (John Turturro, brillantissime), et son itinéraire géographique pour rejoindre sa ville natale, Turin.
D'ironies en mauvais sorts, l'initiation passe par toutes les étapes, dont la plus inspirée est sans doute sa promenade en forêt. La solitude, la réflexion fait place à l'amour et l'instinct.
Ces nomades, après l'ouverture des camps, croiseront le nationalisme, la lâcheté, la peur, l'oubli (l'aveuglement même), en ignorant les accords de Yalta, et les frontières.
Outre les Italiens, précisément décrits, Rosi montre bien l'épreuve traversée de ces gens oubliés (effacés), soit disants libres. Pourtant ils quitteront un camp nazi pour des goulags provisoires. La sortie des enfers est lente, agonisante, impressionniste. Par petites touches, Primo Livi se ressource, observe, abandonne Dieu, apprend la vie et se souvient des morts.
Il en a écrit un livre, pour que la mémoire lui survive.

Jeu de mains...
Cannes - Le 14 Mai 1997 - 13h00'

Jeu de vilains garçons. Funny Games ce matin a littéralement électrocuté la salle en présentation de presse. De la musique aux personnages, on est pris à la gorge dès les 5 premières minutes. Elle ne se dénouera pas à la fin. Voilà un duo de tueurs fous qui va jusqu'au bout, sans scrupules, sans raisons valables. Ils tuent, massacrent, torturent à leur guise sans sourciller et avec un calme olympien. Leurs victimes, des familles en vacances autour d'un lac, n'ont aucunes chances et aucun espoir. Le duo propose un jeu: on parie que vous êtes morts avant 9 heures demain matin. Pari gagné, enfant compris. Fanatiques de Beavis et Butthead, c'est le surnom qu'ils se donnent à chacun, ils sauront être à la hauteur de leurs héros. Famille après famille, le piège se referme. Ils sont là pour tuer. Et rien d'autres. Tout de blanc vêtu, s'adressant parfois au spectateur, l'image de la violence pure rendue par ce film frise l'insupportable. On a espoir au fur et à mesure du film qu'une certaine "morale" reprendra le dessus, juste histoire de détendre l'atmosphère, mais non. Michael Haneke ne cache rien et va jusqu'au bout...de nos nerfs. (VM)

Leçon de cinéma
Cannes - Le 14 Mai 1997 - 17h00'

Milos Forman nous a, cette après-midi, livré ses réflexions, des méthodes autour de la fabrication d'un film. Vision d'un grand professionnel qui n'a qu'une recette: dire la vérité sans ennuyer. Simple? Pas tant que ça. Trouver l'angle efficace, penser autrement. Milos Forman nous a livré pendant près de deux heures une facette de son personnage très attachant. Il a beaucoup parlé de lui, de ses habitudes, de ses craintes. Sa vision de la fabrication d'un film tient en deux mots: l'écrivain pour l'histoire et les acteurs. La vie en fait. (VM)


GONG LI, ombre chinoise
Portrait d'une femme mystérieuse. La suave Gong n'en finit pas de voler la vedette : tantôt grimaçante, tantôt impassible...On ne peut que craquer.

Brèves
Cannes - Le 14 Mai 1997 - 19h00'

  • Coppola, l'un des rares cinéastes à avoir été deux fois palmé, vient de recevoir la Palme des Palmes pour Apocalyspe Now. Les internautes avaient largement préféré Pulp Fiction.
  • Dans la baie de Cannes, s'érige désormais la poupée gonflable, format géant de Howard Stern, pour la promotion de son film Private Parts. Une sorte de phare phallique au milieu des giga-yachts.
  • Clavier superstar de la croisette : les affiches d'Asterix et Obelix contre César avec Depardieu, et celle des Visiteurs 2 avec Réno (la même photo que dans Studio) sont placardées en format géant.
  • Après De Niro, c'est Michael Keaton qui rejoint le cast de Rum Punch de Tarantino.
  • Dans le Palais des festival, se tient une exposition de dessins de Fellini, des illustrations sur l'ironie du monde. Obsédé par le sexe, il revenait à la source même de son inspiration à travers ce qu'il appelait " ses gribouillages ".

    V.C. Thomas


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