13 Mai 1997







Exercice de style
Cannes - Le 13 Mai 1997 - 11h00'

Philippe Harel (Les Randonneurs) a présenté hier soir son nouveau film, La femme défendue.
Dans la grande tradition des Rohmer et Desplechins, ce film bavard et parisien ne parle que d'une chose : l'amour(ette) entre une jeune fille (Isabelle Carré) et un homme marié, 17 ans plus vieux qu'elle. Nous suivons donc leur relation, par des dialogues très naturels, assez superficiels, parfois drôles. La justesse provient de ce sentiment de vécu. Le quotidien n'est que frôlé mais semble omniprésent, tellement le film exhibe la banalité d'une relation amoureuse, adultère, cruelle.
A cela s'ajoute une étude de comportement excessivement précise. L'impression de connaître les personnages par coeur. Ils sont seulement deux. Et encore.
L'originalité du film tient dans son égocentrisme, et son voyeurisme. On ne voit que rarement les protagonistes dont on parle (la femme, l'amie , le boyfriend). Et surtout, à deux images près (des reflets), l'homme n'est jamais filmé, puisque la caméra remplace son regard. On doit donc saluer la performance de l'actrice qui arrive à parfaitement transmettre ses émotions à la caméra qui la fixe.
Cette femme est une parisienne magnifique avec ses tourments, ses doutes, ses coups de folie. La chieuse. Une amie à nous, une ex ou peut-être notre voisine ou celle qui boit son café à palabrer de ses aventures épiques avec sa copine. On aime. Ou pas.

La Haine
Cannes - Le 13 Mai 1997 - 11h45'

Matthieu Kassovitz (Assassin(s)), Philippe Harrel (La femme défendue), et Manuel Poirier (Western), les 3 réalisateurs français sélectionnés en compétition officielle, ont soutenu le Mouvement des Sans-Papiers. Le court-métrage - Nous, Sans-Papiers de France - devrait donc être montré avant la projection de leurs films. En tout cas, aux séances de presse, pas de court en vue. Intervention auprès d'Adjani, négociations avec Jacob (qui voulait limiter la projection à l'ouverture d'Un certain regard), il ne reste que quelques jours pour que le Festival prenne une décision.

Brèves
Cannes - Le 13 Mai 1997 - 12h15'

  • On a dénombré près de 8 000 personnes en bas des marches le soir du cinquantenaire.
  • Columbia (Sony) projette de faire un remake de " The Professionals " (de Richard Brooks, 1966) une western culte qui à l'époque réunissait Burt Lancaster, Jack Palance et Claudia Cardinale.
  • Free Money est un projet qui se marchande au Marché du Film. Une comédie de 22 millions de $ qui réunirait Marlon Brando, Donald Sutherland et Alicia Silverstone.
  • Claude Miller (Garde à vue, La petite voleuse) a présenté La classe de neige (d'après le Prix Fémina homonyme de 95) et officialisé les fiancailles de Warner Bros. et Les Films de la Boissière dans le cadre d'un accord de co-prod'.

    Petite phrase
    Cannes - Le 13 Mai 1997 - 12h30'

    Tandis que Régis Wargnier (Indochine) se promène dans les allées du Bunker, Deneuve, la grande absente de cette célébration, a avoué dans une interview accordée au mag' Les Inrockuptibles, que Cannes c'était " comme la case prison au jeu de l'oie. On est obligé d'y passer, d'attendre, et après on peut recommencer à jouer."


    PAUL AUSTER, smoking en soirée
    Troisième portrait d'un juré typiquement cannois. Américain, francophone, et mieux businessman : Binoche est en négociation pour jouer dans son premier film.

    Puits sans fond
    Cannes - Le 13 Mai 1997 - 22h00'

    Sortie de projection mitigée pour le film australien The Well de Samantha Lang. Comme dans la Femme défendue, le film repose sur un duo, de femmes. Deux inconnues qui se complètent. Leurs manques se remplissent. Les deux actrices sont impeccables.
    Cependant le film ne se fixe jamais un but, ni même une atmosphère : on navigue entre le suspens effrayant, le drame psychologique, le thriller, ou même un film (dés)axé sur les sentiments des deux femmes.
    Tout comme la musique qui rappelle tantôt Out of Africa, tantôt les films indépendants américains version grunge.
    Le plus frustrant, malgré la beauté des paysages, la justesse des personnages, et des effets de réalisation réussis, est sans doute que le film échoue nul part au milieu de la steppe australienne. Sans aucun message, aucune morale, ni même d'accomplissement.

    Semaine Int'le de la Critique
    Cannes - Le 13 Mai 1997 - 23h00'

    Bent est un film dur et difficile présenté pour la Caméra d'Or et pour le prix de la Semaine Internationale de la critique.
    Avec un second-rôle pour Mick Jagger, et une musique de Philip Glass, ça commence avec un musical et finit en tragédie.

    V.C. Thomas



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